CARNETS DE ROUTE 2005

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8e Salon du Livre à Eu (76): samedi 28 mai
Journée des Loisirs et des Associations à Saint Etienne du Rouvray (76): samedi 03 septembre
4e Salon du Livre à Aumale (76): samedi 1er octobre
25e Heure du Livre au Mans (72): samedi 08 octobre
15e Rencontre du Livre à Maromme (76): samedi 19 et dimanche 20 novembre
2e Salon du Livre au Mesnil-Esnard (76): dimanche 27 novembre
Séance de dédicace en librairie à Sotteville-Lès-Rouen (76): samedi 03 décembre
Salon du Polar à Montigny-Lès-Cormeilles (95): vendredi 09, samedi 10 et dimanche 11 décembre

Pour découvrir les photographies, cliquez sur les miniatures.

Note:
Ces photographies ci-dessous ne sont pas libres de droit. Si vous souhaitez utiliser ce matériel, je vous remercie donc de nous demander l’autorisation de le reproduire. S’il s’agit d’images appartenant à une autre personne que moi-même, nous nous chargerons de questionner ladite personne.

8e Salon du Livre à Eu (Seine-Maritime)
Samedi 28 mai 2005
Préparation...
04h45: Le réveil sonne. Avec l’anxiété, j’ai mal dormi et, en fait, je suis réveillée depuis la demie. Ce n’est donc pas bien difficile de me lever. Mes affaires sont toutes prêtes; je n’ai qu’à me préparer. Je commence par un bon petit déjeuner en prenant mon temps. Je crois que cela m’oblige à décompresser (oui, oui, déjà... Sauf que je crains tellement un problème de transport qui perturberait tout!). Un tour à la salle de bains, retour à la chambre pour se vêtir.
5h11: Le temps passe, mais tout se déroule bien. Mon ordinateur reste éteint ; je verrai mes messages ce soir. De plus, comme je me suis couchée à 23h30 la veille, le nombre de courriels ne doit pas être élevé! Avec application, je pense à l’ensemble de mes affaires: non, je n’ai rien oublié. Enfin, je saisis ma valise à roulettes qui contient divers matériels, et mes deux sacs: l’un est bien sûr mon sac à main, l’autre est en bandoulière.

Départ...
05h31: Empruntant l’ascenseur, je descends jusqu’au parking. Cela m’évite deux escaliers et me permet de gagner une cinquantaine de mètres dans la rue... La nuit est encore là. Cependant, le ciel s’éclaircit, la température est douce. La chaleur m’envahit peu à peu. La côte devient de plus en plus malaisée à monter à cause du poids de la valise. Le trajet jusqu’à la gare ne m’a jamais semblé aussi pesant. A ce moment-là, j’ignore encore tout ce qui va bientôt arriver. Quelques minutes plus tard, quelques rues plus loin et... quelques centaines de mètres de plus dans les mollets, je parviens au pied de la gare. A mon grand mécontentement, je vois que l’escalier roulant est en panne ou n’est pas encore réveillé. En maugréant, je monte le long escalier, en haussant la valise à chaque pas. J’arrive à la petite esplanade. Encore des marches, un couloir, un dernier escalier... Enfin! Je suis sur le quai de la gare...
05h44: Je composte mon ticket. J’avance en tirant la valise: oh! Que cela est reposant!!! Je m’assieds sur un banc en regardant autour de moi. Tout est calme. Peu de passagers attendent, vu l’heure matinale. En fait, moi qui avais choisi de ne pas prendre de taxi, je ne regrette tout de même pas mon choix... Je suis largement à l’heure... J’aime ces matins silencieux, tempérés, sécurisés.
05h55: Le train arrive. Je monte dans la première voiture. Ainsi, je serai plus vite sortie. La rame à peine partie, je me maquille comme à mon habitude. Je me méfie des secousses. Rien ne vient s’opposer à mon geste. Tant mieux! Nous arrivons à la Défense. Je continue à manier mon pinceau. Brutalement, la réalité vient se jeter à mes pieds. L’arrêt est beaucoup trop long pour être normal. De nouveau, je grommelle. Je devine qu’il y a un problème. Voyant deux hommes quitter la locomotive, je me précipite vers l’entrée. L’un d’eux m’explique qu’un individu s’est jeté d’un pont, peu avant mon terminus, la gare Saint-Lazare, à Paris... Le train peut repartir à l’instant ou... être bloqué là durant deux heures. Le cheminot me conseille de prendre le RER... Je m’empare de mes bagages. Résolue à ne pas perdre de temps, je descends au plus vite un énième escalier. Décidément, la malchance me poursuit: aucun escalator en vue! En bas des marches, un voyageur me propose de m’aider... sauf que j’étais déjà parvenue à l’avant-dernière marche!!! Au final, nous discutons ensemble. Vu les événements, je décide d’emprunter le RER jusqu’à Châtelet, au coeur de la capitale, puis de reprendre ici le RER B qui me mènera à la Gare du Nord, d’où je prendrai mon train à 07h07. Un périple inattendu... Fantastique: le premier train arrive sans tarder. Le deuxième, déjà à quai, part à peine sommes-nous installés... Ma joie est de courte durée. Non loin de la Gare du Nord, la rame s’arrête dans le tunnel. Hips, les transports en commun me réservent de sales surprises ce samedi matin. Je suis trop pessimiste. Peu après, nous repartons. Ouf!
06h25 environ: Je suis arrivée à la Gare du Nord. Je remonte les différents escalators. Cela y est: je suis dans la salle des pas perdus. Mon train n’est pas encore affiché. Je patiente, tout en entendant les appels pour le prochain Eurostar et en découvrant le numéro de quai du Thalys. Dans ma tête, je voyage ainsi de Londres à Bruxelles.
06h45: Le numéro de quai apparaît sur le tableau. Je vérifie encore puis je m’avance. Oups! Je suis dans la voiture N° 16, c’est-à-dire la deuxième voiture: je dois remonter presque tout le train. Enfin, tout va bien. Je suis toujours à l’heure. Rien ne peut plus m’arrêter. Je monte à bord. J’avais la place N° 12, mais je m’aperçois que les places à quatre sont libres. Je décide de m’y asseoir: autant prendre ses aises! Un autre voyageur a choisi la même astuce. Plus tard, j’apprendrai qu’il est, lui aussi, auteur et nous nous reverrons pour monter un projet ensemble... Les hasards(?) du train...

Voyage...
07h07: Le Corail s’ébranle. Je quitte la Gare du Nord pour un trajet que je n’ai jamais effectué. Tout est plutôt plat. J’ai cette impression de désert, qu’il n’y a pas de vie, ni pour les humains, ni pour la nature. Le seul moment charmant est lorsque nous longeons une forêt. Nous roulons sur un pont brusquement et nous retrouvons une portion de bois. Sinon, je m’ennuie. C’est curieux. J’ai traversé le Canada en train durant trois jours continus. Jamais je n’avais éprouvé ce sentiment de lassitude. Forêts, montagnes, lacs, prairies se succédaient. Et dans ces paysages grandioses, je ressentais cette puissance de Mère Nature... Belle, sauvage... Complètement indomptée malgré la présence des rails... Oui, ils étaient bien la seule trace qui prouvait la présence de l’homme... Ici, le rail a tout dompté, la nature, l’homme. Tout se confond. Pas au Canada où l’être humain se sent bien petit. Creil, Longueau. Les arrêts rompent cette monotonie. Après dix minutes réglementaires de stop à Amiens, nous repartons.
09h52: Abbeville. Le soleil est toujours là, la température agréable. Sur le quai, je dois remonter le train pour parvenir à la passerelle qui permet de rejoindre la sortie. De nouveau, je gravis des escaliers. Heureusement, une jeune femme m’aide. Quatre hommes sont sur le parking: trois auteurs et le chauffeur de la navette. Dans le minibus, je m’installe sur le siège avant, ce qui me permettra d’apercevoir en ville un chat qui dort(?) au milieu de la route. La vue de ce minet en position très dangereuse me rappelle le suicidé du matin. Et j’évoque à mes compagnons cette mésaventure... qui fera le tour du salon!!! Abbeville est en Picardie, Eu en Normandie. Alors, tantôt, la route nous promène dans une région, tantôt dans l’autre. Les champs, surtout, composent la vue. Quelques éoliennes ont été construites. Il y a relativement peu de monde, ce qui nous permet de rouler à une bonne allure. Nous ralentissons tout de même pour les rares villages que nous traversons. Nous nous approchons d’Eu. La cité est voisine avec Le Tréport qui est au bord de la Manche... Dommage: je n’ai pas le temps d’aller à la plage, ni même de visiter Eu. C’est mon regret de la journée...

Arrivée...
10h30 environ: Le minibus monte la rue principale, longe la Collégiale Notre-Dame et Saint-Laurent (12e et 13e siècles) et pénètre enfin dans la cour du Château. Sous le chapiteau déjà installé, des auteurs s’affairent. Je me rends au Pavillon des Ministres. Très vite, je repère la pancarte où figure mon nom. Comme l’an passé, je suis placée de telle façon à voir les deux entrées. Le mur est derrière moi, sans espace supplémentaire pour laisser passer quelqu’un. Je sors toutes mes affaires et je commence à m’installer. En dernier, je dispose les cadeaux destinés aux visiteurs et ceux offerts à mes lecteurs. A ma droite, est assis un poète né au Havre. A ma gauche, je retrouve un romancier/poète, né à Eu, et qui était déjà mon voisin en 2004. Il est venu avec son épouse. Nous bavardons, en évoquant notamment quelques manifestations littéraires. Ce couple était également présent au Salon de Maromme l’an passé, mais nous nous n’étions pas vus... Les organisateurs nous proposent des gâteaux et du café. J’accepte la boisson chaude que je savoure.

Des visiteurs... flâneurs...
Ponctuellement, des visiteurs pénètrent dans la salle. Ils s’arrêtent, prennent un ouvrage, parcourent des lignes et... le reposent avant de partir sans un mot... L’instant est rare lorsque des personnes s’adressent aux auteurs... Un lourd sentiment m’étreint brusquement. Je suis un peu consolée quand je m’aperçois qu’il est partagé par mes deux voisins et par les écrivains qui me font face. Les visiteurs ne semblent pas... passionnés du tout. Nous avons cette impression qu’ils sont venus, juste pour s’occuper, pour passer le temps, pour dérouter l’ennui qui les envahit en ce samedi ensoleillé. A de nombreuses reprises, nous entendons la phrase clé: «Je fais un tour et je verrai ensuite. Je reviendrai...» Nous ne les revoyons pas. En réalité, très peu engagent donc la conversation, intrigués par les couvertures. Discrètement, j’observe mon voisin de droite. Un écrit en picard sur l’une de ses oeuvres amène des questions. La conclusion est brutale: personne n’achète. L’auteur est dépité... Pour nous encourager, nous nous disons que les lecteurs vont arriver. Mme Vergnaud, l’adjointe du maire, vient me saluer, ainsi que Mme Guérout qui s’est occupée de l’organisation technique du salon. En fin de matinée, je reçois la visite de Mme Savarin, la responsable de la bibliothèque d’Eu. Elle me dit avoir apprécié Pièges: l’héroïne est attachante... Merci pour Marion!:) Mme Savarin m’annonce ensuite que mon livre sort beaucoup. De savoir que mon roman est ainsi si souvent emprunté m’emplit de joie. Je savais qu’il en était ainsi à Saint Etienne du Rouvray, je l’ignorais encore pour Eu... Intérieurement, je remercie mes lecteurs. J’espère qu’ils viendront me voir. Cela me permettra de connaître leurs pensées exactes... Mme Savarin consulte la quatrième de couverture de Légendes. Elle est déçue... pour une raison surprenante: elle croyait retrouver Marion! Je lui apprends qu’Alex lui ressemble et... chut... Ne disons rien si jamais vous n’avez pas encore lu Légendes!!! Nous discutons encore quelques minutes puis Mme Savarin me dit qu’elle repassera dans l’après-midi... Les visiteurs viennent de temps à autre, toujours sans vraiment nous parler. Devant cette même attitude désinvolte, certains auteurs s’ennuient et le montrent trop, à mon humble avis.

Pause déjeuner...
12h45: Mme Vergnaud nous informe que le salon ferme momentanément: il est l’heure de déjeuner. Elle nous confie également qu’elle espère vivement que les visiteurs passeront à l’action après le repas... Près de la Collégiale, se tient une ancienne bâtisse qui abrite la Maison des Jeunes. Les murs en brique sont épais. Dans la salle principale, une immense cheminée trône. L’ensemble me rappelle bien sûr le Domaine de «Légendes». A table, je suis entourée par mes voisins du Pavillon des Ministres: M. Louvel et M./Mme Boescher. Le buffet est garni de plats appétissants. En bonne Normande, je goûte un verre de cidre! Par contre, je ne prends pas de vin rouge. J’ai un doute pour le mélange de ces deux boissons dans mon estomac. Après le café, je décide de remonter. Nous avons été prévenus que la salle allait être de nouveau ouverte: je préfère ne pas laisser mes livres et mes affaires sans surveillance.

Enfin des lecteurs...
14h00 environ: De retour dans le Pavillon, je saisis mon appareil photo. Sous le soleil et un vent bien présent, je sors. Malheureusement, le Château est trop imposant. Résultat: je ne peux pas le cadrer entièrement. Comme je n’ai aucun recul possible à cause d’une barrière, je dois me contenter de ne photographier qu’une partie de la demeure. Dès que possible, je mettrai les vues sur le site... (Les voici d’ailleurs, ajout du vendredi 1er juillet 2005).
Le Château d’Eu:
c
Depuis la Cour d’Honneur: un paysage campagnard: au fond, une église et des moutons. Ils sont en Picardie alors qu’Eu se trouve en Normandie...
E
Débordant d’énergie et d’enthousiasme, je retourne m’installer, prête à accueillir mes visiteurs et mes lecteurs...
Me voici :
E

Tiens, une jeune fille regarde mes livres. Elle me dit avoir consulté mon site. Elle prend ma carte avant de m’annoncer qu’elle reviendra plus tard... Effectivement, elle reviendra... pour me dire qu’elle ne lit pas de roman policier! Alors, pourquoi venir à mon stand? Sur mon site, le genre de mes livres est noté de manière très claire. Je ne comprendrai jamais ce type de démarche. Quoique... L’un des auteurs qui fera route avec moi le soir me racontera une anecdote. Au cours d’une discussion dans un salon, un visiteur lui avait rétorqué que, «de toute façon, lui, il ne lisait jamais!»... Pourquoi se rendre à une telle manifestation alors??? L’être humain est trop complexe!!!... L’écrivain qui est assis presque en face de moi se lève. Dans l’allée centrale, il propose aux promeneurs un jeu de loterie, qui n’est autre qu’une parodie du référendum du 29 mai. Ce simulacre nous permet de nous détendre et de nous changer les idées... L’après-midi devient plus animée. Les visiteurs ont cédé la place aux lecteurs... J’ai le plaisir de revoir Mme Savarin. Elle m’achète un exemplaire de Légendes:) J’émets l’idée d’organiser un jour une rencontre entre les lecteurs de la bibliothèque d’Eu et moi-même. Mme Savarin approuve. Elle me suggère même que cela pourrait prendre la forme d’un café littéraire. Côté date, nous convenons que l’été ne sera pas propice: les horaires de la bibliothèque seront réduits à cause des vacances scolaires. Par contre, à partir de septembre, ce serait l’idéal. Nous reprendrons donc contact plus tard afin de mettre au point cette réunion... Les bonnes surprises s’enchaînent. Une jeune femme s’arrête et lit le résumé de Légendes. Nous commençons alors une passionnante discussion. Cela dit, il est difficile de parler longtemps: je ne peux pas donner de détail sous peine de déflorer le suspense. Entre nous, je peux vous dire que, comme chaque fois, me taire m’est pénible... Dès que j’aborde mes romans, je deviens... intarissable... Son exemplaire sous le bras, ma nouvelle lectrice repart. J’espère recevoir bientôt sa visite dans le Coin des Lecteurs... Les heures s’égrènent. Ll’ambiance a changé. D’avoir, en face de nous, de vrais passionnés nous a redonné des ailes... En même temps, j’entreprends de surveiller davantage ma montre. Le chauffeur de la navette nous attendra à 17h30. Craignant des embouteillages peu avant le centre ville d’Abbeville, il préfère prendre ses précautions... Monsieur Louvel a le sourire aux lèvres. Ce n’est qu’après les seize heures trente (à peu près) qu’il a enfin reçu son premier acheteur ! Comme quoi, il ne faut jamais désespérer dans la vie!!!

Vers le retour
17h20: Je me rends dans la cour. Apercevant le chauffeur de la navette, je lui demande si le rendez-vous de 17h30 est toujours valable ou si l’horaire est retardé. Il me précise que les autres auteurs sont prêts. Nous pouvons donc partir! A toute allure, je rentre. Pour éviter de déranger mes voisins, je ne fais pas le tour de la table. Ainsi, Monsieur Boescher a la gentillesse de me tendre toutes mes affaires. A la hâte, je range l’ensemble. Bien sûr, je suis déçue de partir si vite et, surtout, avant la fermeture officielle du salon. De même, je ne pourrai pas me rendre au verre de l’amitié. Tant pis! Je n’ai pas le choix: il n’y a pas d’autre train pour rentrer sur Paris... Je salue avec chaleur mes amis auteurs en espérant les revoir à Maromme à la fin de l’année... Dans la cour, nous attendons en fait l’un des auteurs qui a mystérieusement disparu... Ouf! Il est là. Nous sommes déjà dans le minibus: Mme Vergnaud vient nous voir. J’en profite pour la remercier encore une fois... Voilà, nous partons. Les grilles du château dépassées, nous nous apercevons qu’il y a un mariage à l’église. Un instant, nous craignons un embouteillage à cause du cortège. Il n’en est rien et nous revenons donc vers la Picardie, toujours sous un soleil éclatant. Comme à l’aller, la circulation est fluide.
18h10 passées: Nous arrivons à Abbeville. Dans la grande rue principale, les voitures sont plus nombreuses. Le bouchon tant redouté commence à se former. Heureusement, il n’en est qu’à son tout début et nous passons sans problème. Nous sommes conscients qu’il s’en est fallu de quelques minutes... Sur le parking de la gare, nous prenons congé de notre chauffeur.

En route vers Paris
18h15: Le Corail ne sera là qu’à 18h34. En attendant, je flâne dans le hall. Aucune librairie n’est ouverte. Je suis déçue, car j’aurais aimé consulter les journaux régionaux. Sur le quai, je retrouve les trois autres auteurs, dont l’un est mon compagnon de voyage du matin. Ils étaient installés sous le chapiteau. Leurs commentaires sont sans appel: eux aussi, ont éprouvé un mal être durant la journée: les visiteurs moins nombreux que l’an passé n’étaient pas de véritables lecteurs, mais plutôt des flâneurs. Nous cherchons la raison de cet absentéisme. Un manque de promotion? Les journalistes ont-ils trop parlé du référendum, laissant à l’écart un Salon du Livre? Le coupable est-il le soleil: il a entraîné les gens vers la plage en ce beau samedi? C’est à ce moment que l’un des écrivains nous relate cette anecdote: le type qui se rend à un salon, tout en n’aimant pas lire... Je crois que l’on pourrait écrire un véritable livre sur les salons et les motivations des visiteurs... Enfin... Le train arrive. Une nouvelle fois, je dois remonter presque tout le quai. Je me dis que, tout à l’heure, le Corail partira et je n’aurais pas eu le temps de monter à bord. Un couple me porte assistance pour mes bagages. Ouf!... Je m’installe à ma place. Derrière moi, de l’autre côté du couloir, je retrouve deux de mes compagnons, dont celui du matin. Sa place est ailleurs. Seulement, il préfère rester avec nous. Je perds de vue l’autre écrivain... Je mange deux barres de céréales que j’avais emmenées: mon estomac gronde un peu. Nous arrivons à Amiens. Comme à l’aller, l’arrêt dure dix minutes. J’en profite pour questionner... Dominique. Il s’agit de l’homme avec qui j’ai voyagé ce matin. Au salon, il avait pris l’une de mes cartes en me disant qu’il m’expliquerait quelque chose ce soir... L’heure des révélations a sonné! Il me confie qu’il était, jadis, également organisateur d’un salon dans l’Est de la France. Aujourd’hui, des amis s’occupent davantage de la préparation de cette manifestation. Cependant, il aime contacter d’autres auteurs pour leur proposer de participer à ce rendez-vous annuel. Cette année, le thème sera consacré au roman policier. C’est ainsi qu’il a pensé à moi! Il me donne sa carte de visite. Il donnera mes propres coordonnées à ses amis qui me contacteront plus tard. Croisons les doigts!!!!
Nous avons quitté Amiens pour continuer notre voyage vers la capitale... Intérieurement, je songe à mon bilan personnel... J’ai vendu des livres et une prochaine rencontre avec les lecteurs/lectrices de la bibliothèque d’Eu sera organisée... Dans ce même lieu, Pièges est emprunté très régulièrement. J’ai des possibilités pour participer à une manifestation dans une autre région française... Pour moi,  ma journée a été très positive. Je suis heureuse... fatiguée, mais heureuse... J’avais emporté des dossiers. J’en prends un et le termine.
19h45: Je dépose mon blouson sur mes genoux. Un grand foulard me couvre jusqu’au cou. Prenons garde à la climatisation! Je ferme les yeux. Le train n’arrive que dans quarante-trois minutes précisément... La voix de l’hôtesse annonçant notre entrée en gare du Nord me réveille. Déjà?!! En fait, je m’étais endormie aussitôt... Cette pause m’a permis de reprendre des forces, du moins le crois-je.

Avant le repos définitif, encore des efforts...
20h28: Je descends du train. Je salue mes deux compagnons. En me dépêchant, je rejoins à pied Magenta. Située entre Gare du Nord et Gare de l’Est, cette station voit passer Eole, le nouveau RER. Un long escalator qui descend (génial, il fonctionne!!!). J’arrive sur le quai. Je n’attends que peu: la rame survient. Trois minutes plus tard, je parviens à Haussmann. Maintenant, je dois emprunter divers escaliers mécaniques (qui fonctionneront, eux aussi), des couloirs. Malgré ma sieste, finalement, je suis de nouveau épuisée. La chaleur est plus éprouvante ici. Les bagages me semblent encore plus lourds. Quant à mes pieds, ils ne veulent que se reposer. Ce n’est pas l’heure pourtant. Je retrouve des couloirs familiers: je suis à la Gare Saint-Lazare. Je file vers les grandes lignes... pour trouver un libraire qui vend des journaux régionaux, tous les kiosques n’en ayant pas. J’y trouve bien le Paris Normandie du jour, mais aucun article sur le Salon... D’un pas beaucoup plus lent, j’effectue le chemin inverse. Me voici vers les départs «banlieue». Mon train est là.
20h55: Il s’ébranle. C’est l’avant-dernier tronçon de mon voyage. Nouvel arrêt... Tiens, une autre mésaventure: les portes s’ouvrent trop lentement. Je descends à la prochaine station. Je décide de me lever pour prendre une autre sortie. Je n’ai réellement pas envie de rester bloquée dans le train... Voici une gare que je connais bien. Je laisse une voyageuse descendre. Je prends mon tour. Les sonneries retentissent déjà. Un gamin me bouscule alors que je suis encore sur la marche du train. Je maugrée. Nous avions encore le temps tout de même, tandis que lui, veut-il risquer un accident en agissant de la sorte?... Cette fois, c’est la dernière partie de mon voyage. Si, pour monter à la gare, il y a un escalator, il n’y en a pas pour descendre. Premier escalier... petite place... deuxième et long escalier. Chouette, un homme me propose de m’aider. J’accepte naturellement!:) Je le remercie chaudement une fois en bas des marches. J’emprunte le boulevard, des rues. C’est formidable: tout est en descente. En fait, cela était mieux ainsi. Monter les rues ce matin était assez malaisé, cependant, je... débordais d’énergie. Ce soir, la descente me convient parfaitement. Je vois la porte du parking intérieur de mon immeuble. Entourée d’un silence total, je prends l’ascenseur. Je m’arrête au rez-de-chaussée pour saisir mon courrier. Quelques minutes plus tard, je suis enfin chez moi...
Copyright des photographies: Dominique Letellier.

Mardi 7 juin 2005:
Je n’ai pas encore mes photographies car je dois terminer ma pellicule, ce qui ne devrait pas tarder. Une personne de la mairie m’a promis de me faire parvenir tous les articles des journaux qui évoqueront le salon. J’attends son courrier avec impatience. Quant au bilan même du samedi 28 mai, vous le connaissez déjà!:)


Journée des Loisirs et des Associations, Saint Etienne du Rouvray (Seine-Maritime)
Jeudi 1er septembre 2005
Retour vers la Normandie...
14h00: Je quitte l’appartement. Depuis plusieurs jours, tout le matériel, tous les exemplaires de mes romans sont déjà en Normandie. Je n’emmène donc que quelques documents et mes affaires personnelles pour ce court voyage. Une partie de moi est inquiète- comme à l’approche de chaque manifestation -une autre partie reste sereine. Est-ce le fait d’être Gémeaux, Normande («Peut-être ben que oui, peut-être ben que non»). Cet état n’est somme toute pas si désagréable: un certain équilibre existe donc. Tant mieux!
14h50: Je suis dans le train, à la gare Saint-Lazare à Paris. Un téléphone portable et une voix que l’on ne cherche pas à atténuer me dérange brusquement dans mes pensées...
15h12: Le Corail s’éloigne de la capitale. Bien que je le connaisse par coeur, je regarde le paysage. A partir de Mantes, je sors certaines feuilles pour travailler sur mon planning. En même temps, je ne peux m’empêcher de songer à samedi, à ce retour dans cette ville où j’ai grandi, où j’ai tant de souvenirs heureux, souvenirs malheureux, souvenirs qui ont forgé ma vie.
16h19: Arrivée à Rouen. Une demi-heure plus tard, je descends du métro à Sotteville-Lès-Rouen. Vite, je retrouve un appartement familier. Comme d’habitude, après des retrouvailles, la soirée passe vite, trop vite!

Vendredi 2 septembre 2005
Préparation...

Matin: Je le passe à me rendre à des rendez-vous professionnels, à nouer des contacts.
Après-midi: Je profite de ma venue dans ma région natale pour voir ma famille. En rentrant, je réunis tous mes effets pour le lendemain.

Samedi 3 septembre 2005
Le Jour J...
En me réveillant, je sais que, quoi qu’il arrive, ma journée sera dominée par deux émotions très fortes.
La première, parce que je vais revenir dans ce quartier où j’ai vécu, là où je ne suis pas revenue depuis 2001, une année noire pour moi, l’année où l’on perd les êtres chers. C’est à Saint Etienne où j’ai vécu de l’âge de trois ans à vingt-et-un ans. Dix-huit ans qui m’ont forgée, comme je le disais plus haut. De l’école maternelle aux années de lycée, aux vacances, à tous les souvenirs, aux colères, aux moments heureux, à ces instants où l’on ne comprend plus rien, à ces minutes où l’on perd ceux que l’on aime, où l’on connaît ces rages inhumaines, dont une partie ne s’éteindra jamais, à ces secondes heureuses qui contribuent à vouloir vivre toujours et toujours...
La seconde émotion est celle d’être invitée dans une manifestation en tant qu’enfant du pays. C’est à Saint Etienne du Rouvray que j’ai écrit mes tous premiers romans, puis celui qui m’a donné cette vraie passion. Il n’avait qu’une centaine de pages, mais l’histoire reflétait déjà bien mes pensées, mes envies. Il criait déjà bien les idées, les thèmes que je voulais exprimer, et que je développerais bien plus tard. Oh! Un jour, je parlerai davantage de ce livre! Il a d’ailleurs certaines particularités... Oui, c’est aussi à Saint Etienne que j’ai rédigé Prisonniers de l’Enfer Vert, mon deuxième vrai roman, ou mon premier vrai roman, car il est long (plus de 300 pages dans la première version manuscrite).
08h50: Je suis en route vers la Place de l’Hôtel de Ville, terminus de certains bus. Les rayons du soleil touchent mon être de part en part. Agréables sensations...
09h15: Le bus arrive. Je monte. Aucun autre voyageur. Ce sera le cas durant le trajet entier. Cette fois, la sensation devient bizarre: j’ai le bus pour moi seule. J’ai encore plus l’impression d’être en pèlerinage, pétri d’une solitude qui renforce les émotions.
09h25: Pas de voyageur, pas d’arrêt. J’arrive très vite dans la Cité des Familles. Je descends. Je retrouve la vitrine d’un magasin. Le propriétaire n’est plus le même, mais le commerce est toujours là. Par contre, adieu la boulangerie. Sinon, la place n’a pas subi de modification. Plus loin, au bout d’une rue, je vois des barrières. Le marché a donc changé de lieu. Des souvenirs d’enfance surgissent, notamment avec le vendeur de bonbons et de gâteaux.... Des pas... Le panneau de ma rue est là. Je n’en ai pas besoin; je reconnais ces maisons, bien que repeintes. Irai-je jusqu’à un certain numéro? Il y a quelques semaines, quelques jours même, tel était mon désir. Depuis la veille, j’ai bien réfléchi. Aujourd’hui, je souhaite conserver dans ma mémoire ma maison telle qu’elle était la dernière fois où je l’ai vue, quand elle renfermait tous mes souvenirs. C’est mieux ainsi. Aucun ne sera altéré.
09h30: Je descends la rue des Anémones. Au carrefour, sur ma droite, presque en face, j’aperçois l’école primaire Paul Langevin. Plus qu’en maternelle, c’est là que j’ai découvert les études, les groupes, les efforts, le monde aussi. J’aurais pu être plus studieuse que je ne l’étais déjà. L’un de mes regrets quelque part... Je me demande ce que sont devenues «les maîtresses». Comme pour le collège et le lycée, j’aurais aimé revoir ces enseignants... Rien que pour se souvenir, pour leur faire partager une partie de ce long chemin qu’est devenue ma vie entre ces jours de scolarité et la période actuelle. Un jour, je pourrais franchir le pas et les revoir. Pourquoi pas?
A présent, je marche dans la rue des Coquelicots. De grands panneaux sont affichés sur les barrières qui entourent le parc du centre sportif Youri Gagarine. Les feuilles des arbres demeurent immobiles. La chaleur sera plus lourde bientôt Le long des trottoirs est envahi de voitures, de fourgons parfois. Je parviens à l’une des entrées. Des stands ont été montés. Un chapiteau est dressé: il accueillera les exposants de la salle Festive. Je m’avance. Je reconnais le stand des bibliothèques municipales. Ce qui m’interpelle en premier est l’affiche qui nous présente, mes romans et moi. Impressionnant:). Je fais la connaissance des bibliothécaires que je ne connais pas, salue ceux que j’ai déjà rencontrés l’an passé. J’installe mes livres et mon matériel sur la table qui m’est offerte. Un bruit assourdissant s’échappe des hauts parleurs.
10h00: Des visiteurs sont là. Ils circulent dans les allées, s’arrêtent, discutent parfois. La chaleur devient encore plus étouffante. Des exposants détachent des remparts de toile. Ouf, un peu de vent vient nous effleurer : il est le bienvenu. A plusieurs reprises, j’ai le plaisir de discuter avec des personnes. Il est clair qu’elles sont intriguées, intéressées. Mais je ne suis pas à un stand dit normal, comme à tout salon littéraire. A la fin de notre entretien, la question devient rituelle: «Vos livres sont à la bibliothèque?» La réponse positive entraîne les gens à ne pas acheter alors mes livres. Pourquoi les acquérir alors qu’ils peuvent les lire gratuitement????!!!! Réalisent-ils que, derrière un roman, il y a des recherches, tout un travail, des heures, des mois à écrire? C’est là que le bât blesse. Les bibliothèques permettent l’accès à la culture, ce qui est très bien en soi, mais elles dénient le travail des écrivains. Ou plutôt, certains lecteurs dénient le travail des écrivains. Je sais que des travaux d’instances officielles sont en cours, de manière à instaurer une rémunération pour les auteurs dont les livres sont en bibliothèque. Je souhaite vivement qu’un résultat positif en sortira. Sinon, à terme, c’est tout un accès à la culture qui s’effondrera. Car accéder à la culture, oui, affaiblir, pénaliser et donc, au final, ne pas respecter les auteurs et leur travail, non... Un travailleur, quel que soit son emploi, est rémunéré (sans entrer dans certaines considérations), ce qui signifie que son travail est reconnu et respecté. Pourquoi ne le serait-ce pas pour les auteurs????!!!!!
La matinée finit par s’éteindre. La directrice des trois bibliothèques, Madame Hibon, m’invite à partager leur déjeuner.
13h00 environ: En compagnie de Madame Hibon, d’une bibliothécaire et de la responsable de l’école de musique, je me restaure. D’un accord parfait, nous avons décidé de déplacer une table vers l’extérieur. Nous sommes à l’ombre, près d’un panier de basket-ball. Le temps est splendide. Ici, nous ne ressentons pas la chaleur! Les sujets de discussion s’enchaînent et les minutes s’égrènent à une allure folle.
14h00 environ: Nous revenons vers la salle Festive. Les visiteurs sont nombreux. Un photographe vient me voir. Nous bavardons. Il m’apprend que certaines de ses photos seront sélectionnées pour figurer dans le numéro du magazine de la ville «Le Stéphanais». Cependant, ce n’est pas lui qui sera le décisionnaire... J’ai la surprise de voir qu’il me prend en photo. Plus tard, je dialoguerai avec un journaliste couvrant les événements de Saint Etienne et d’une autre ville. Mes rencontres avec les visiteurs/lecteurs se poursuivent... Oups! Une visite inattendue: Monsieur Wulfranc, qui n’est autre que le Maire de Saint Etienne. Je le salue, nous parlons, et... il me promet d’acheter Légendes! J’avoue que j’en reste sidérée... Le reste de l’après-midi se poursuit... puis s’achève.
18h00: Les visiteurs partent. Les exposants rangent le matériel, décrochent les pancartes, les décorations. A 19h00, il y aura un vin d’honneur auquel je suis invitée. En attendant, Madame Hibon me propose de placer mes affaires dans sa voiture: à la fin de la manifestation, elle me raccompagnera afin que je rentre me reposer au plus vite... Ensemble, nous prenons une boisson fraîche, attablées à l’extérieur, juste en face du chapiteau. L’air est devenu plus agréable: la brise souffle de temps à autre. L’une des bibliothécaires s’assied avec nous. Quelques minutes plus tard, nous sommes rejointes par... Monsieur Wulfranc. D’emblée, il sort son chéquier et me tend bientôt un chèque... C’est ainsi qu’il devient l’heureux propriétaire d’un exemplaire de Légendes. Connaîtrai-je un jour ses pensées à son sujet:)???... De nouveau, nous bavardons tous, exténués de la journée (le bruit et la chaleur n’ayant rien arrangé), mais satisfaits, très heureux, à vrai dire. Monsieur le Maire nous quitte pour rejoindre des collaborateurs: le vin d’honneur commence sous peu. Sous le chapiteau de la salle Festive, Monsieur Wulfranc prend son micro. Il nous présente d’abord l’éditeur du nouveau guide relatif à Saint Etienne du Rouvray. La localité que j’ai connue a grandi, elle aussi. Elle s’est développée, modernisée. Ce livre le démontre très bien, par son texte et ses nombreuses illustrations. Ensuite, Monsieur Wulfranc fait le bilan de la journée. Il annonce à l’assemblée -nombreuse et attentive- qu’il a eu trois coups de coeur. Son premier n’est autre que... le calligraphe et les deux auteurs qui sont d’origine stéphanaise ou qui ont vécu à Saint Etienne. Au patronyme de chacun, les applaudissements retentissent et, moi, mon coeur bat à des milliers de kilomètres/heure lorsque j’entends mon nom résonner si fort dans le micro. Cela est si inattendu, réjouissant bien sûr, mais je ne sais plus où me mettre, quoi faire... A part balbutier un «merci» au public... Le deuxième coup de coeur de Monsieur le Maire est un sportif stéphanais. Son troisième est tous les enfants de la ville, témoins de la vie actuelle, témoins de la vie future... La prochaine génération... Encore quelques mots et le discours de Monsieur Wulfranc s’achève. Le public se tourne alors vers les buffets. J’en profite pour venir près de Monsieur le Maire afin de le remercier pour tout: de m’avoir invitée, d’avoir acquis ainsi Légendes. Après une discussion de quelques minutes avec des personnes, je rejoins Madame Hibon. D’un commun accord, nous décidons de partir. La journée a été bien chargée et nous aspirons au repos, au silence.
20h00 et quelques: Je suis de retour à Sotteville-Lès-Rouen, dans un appartement qui rassemble aussi tant de souvenirs. Mes proches étaient venus me voir une partie de l’après-midi. Je leur raconte alors la fin de cette journée, riche en événements marquants...:)

       

       
Copyright des photographies: Pascale Letellier.


4e Salon du Livre, Aumale (Seine Maritime)
Samedi 1er octobre 2005
Départ...
06h00: Le réveil sonne. Bien que je me sois couchée tard, je suis en pleine forme. Après un petit tour devant mon ordinateur (tout en déjeunant), je me prépare. Comme pour les autres salons, mes affaires sont déjà prêtes. Au moins, cela m’évite des soucis de dernière minute.
06h45: Je pars. Dehors, le jour n’est pas encore tout à fait levé. Je croise un passant. J’arrive à l’arrêt de bus. Le bus, lui-même, est au loin. Cependant, le service d’entretien de la ville passe devant lui pour nettoyer les trottoirs à grandes eaux et, donc, le retarde. Comme d’habitude également, j’ai pris mes précautions pour le reste du voyage. J’ai un RER à 07h16, puis le prochain à 07h23. Là, il est 06h55: Je n’en oublie pas pour autant que je suis plus chargée qu’à l’ordinaire... Nous sommes à la Défense. C’est ici que je dois prendre mon RER. Hips, le premier escalier roulant est en panne ! Bien sûr ! Il me fallait bien ce petit quelque chose voulant me troubler. Pour Eu, c’était ce suicidé. Pourtant, je m’inquiète encore pour rien. Une fois les marches descendues, je m’aperçois grâce à l’horloge qu’il est 07h06 seulement... J’ai donc le temps. Tranquillement, je parviens sur le quai.
07h10: Le RER est là. Tiens, il ne passe pas à l’horaire prévu. Il est en avance. Je m’en moque. Je suis présente, c’est l’essentiel.
07h16: Arrivée à l’arrêt Charles de Gaulle-Etoile. C’est ici que nous avons rendez-vous avec le car à 07h45 pour un départ à 08h00. Je remonte les deux escaliers roulants (à quand un ascenseur? Et, encore, des gens seront toujours plus chargés que moi!). Il ne pleut pas. La température est bonne. Je ne vois pas de car. Malgré tout, il est tôt... Quelques minutes plus tard, une pluie fine s’invite. Je me rends à un abri de bus.
07h40: Toujours pas de car. Je traverse l’avenue Friedland. Je discute avec un couple qui va également à Aumale. Nous apprenons que le car ne sera là qu’à 08h30. Des participants au salon décident d’aller prendre un café. La pluie redoublant, le couple se réfugie à mon abri de bus. Plus tard, l’abri le plus proche se vide puisque les bus passent. Alors, j’y rejoins d’autres personnes. Je ne peux m’empêcher d’écouter les conversations. Je connaîtrai, de cette manière, le nom de l’homme: Zappy Max, un célèbre animateur radio (chanteur et écrivain) qui officiait surtout vers les années 50 à 70. Je serai à la même table que lui pour le déjeuner!... De bavarder fait passer le temps. Autre nouvelle: le car ne viendra qu’à 08h45. Nous arriverons en conséquence en retard à Aumale... Et zut! Je n’aime pas cela du tout... surtout que la manifestation ferme à 12h00 pour le repas. Nous aurons ainsi à peine une heure pour rencontrer nos lecteurs le matin, au lieu de deux. En une heure, il peut se dérouler peu de choses, mais aussi beaucoup de choses!
08h38: Voilà l’autocar! Le chauffeur nous explique que sa société lui a communiqué un mauvais horaire. Il est parti de Beauvais, dans l’Oise, à 07h50... Heure à laquelle il devait être à Paris...
08h50: Nous partons... Enfin!... Nous prenons l’autoroute. Nous passons devant la Défense... Euh!:)... J’y étais précédemment... Les voies ne sont pas encombrées. Aussi, nous roulons de manière convenable... J’ai observé quelque peu les passagers. Une femme et moi sommes les plus jeunes. Les autres participants (ou accompagnants) sont surtout âgés de cinquante ans, voire plus. En discutant avec une passagère, j’apprendrai le soir qu’elle a soixante-quinze ans. De même, un homme est né en 1928 (je le saurai le midi à table). En mon for intérieur, je suis contente: mon âge ne m’empêche pas d’être présente à plusieurs salons... Tout est difficile, mais il faut persévérer. C’est l’une des clés... Le voyage se poursuit...
09h53: Nous passons non loin de Beauvais. Puis, nous quittons l’autoroute. Nous sommes cette fois dans la campagne picarde. Le paysage est bien plus joli, surtout avec les maisons typiques, des champs, ou quand nous longeons une forêt: j’adore ce spectacle! Il y a une sérénité incroyable. Nous sommes loin de la frénésie de toute grande ville. ..Le soleil est là. Nous sommes à 29 Kms d’Aumale. Oh! L’un des villages se nomme... Songeons... Très original!... La route se poursuit encore. Un panneau nous accueille: «Le département de la Seine Maritime vous souhaite la bienvenue!» Merci! Je retrouve mon pays natal. Pourtant, c’est la première fois que je découvre ces environs. Aumale est à 9 Kms.

L’arrivée...
10h45: Nous sommes à Aumale, charmant village. Au premier plan, à droite, remarquez la cabine de téléphone rouge, comme chez nos amis Britanniques!
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Certaines maisons sont tout à fait typiques de la Normandie, avec ce colombage. Nous entrons dans la Halle au Beurre. Voici une vue de l’extérieur et de l’intérieur:
A A
C’est une immense salle, aux murs blancs et dont le toit est soutenu par des poutres. Nous sommes gâtés pour le décor. Il y a un monde fou. De nombreux exposants sont déjà installés. Quant aux visiteurs, ils circulent ou discutent avec des auteurs. Je remonte une allée. Attentivement, je lis les panneaux signalétiques, à la recherche de mon patronyme. Première allée, premier échec. Deuxième allée, idem. Oups, mon stress grandit et ma bouderie augmente. Je passe devant la cafétéria. Une dame me propose gentiment une boisson. Je rêve d’un café bien chaud. Toutefois, pour moi, le plus important demeure de trouver ma place. Le café attendra... jusqu’au déjeuner!... J’ai fait le tour et... résultat complètement à zéro. Je m’adresse à l’un des organisateurs. Nous refaisons le tour, sans succès. Il me promet d’avancer la longue table près de l’entrée. Mais des tréteaux supplémentaires, ainsi qu’un panneau, sont nécessaires... J’attends, j’attends... Vous savez, la fameuse chanson «Je t’attends»...
11h15: Ma table est arrivée. J’ai tout installé. En fait, c’est le manque d’organisation qui m’a énervée. Nous sommes déjà arrivés en retard. Et là, je viens de perdre des minutes alors qu’elles sont si précieuses. Pendant un salon, le temps passe toujours très vite. En quelques secondes, un visiteur peut se décider. Etre attentive à chacun, à chacune est vital. Et il est impossible de l’être tant que vous n’êtes pas assise... Je commence à discuter avec des personnes... Une visiteuse me sidère: elle vient au salon, mais me dit qu’elle n’aime pas lire! Voyons, cherchez l’erreur!!!... Puis, une femme jette un coup d’oeil sur ma table. Elle m’annonce qu’elle est déçue, car ses auteurs préférés ne sont pas là. Elle enchaîne en me disant qu’en plus, elle ne connaît pas les autres écrivains. Alors, je lui réponds que, justement, c’est l’un des buts du salon: faire connaître aux visiteurs de nouveaux auteurs! Ma détermination, ma joie l’accrochent! Elle reste près de ma table. Elle m’apprend qu’elle adore Mary Higgins Clark et... le suspense... Madame, me voici! Non, sans plaisanter, je lui dis que mes romans sont des romans à suspense... Elle se décide à lire le résumé de Pièges et... prend mon livre. Par contre, elle déteste le surnaturel. Elle ne fera ainsi pas la connaissance d’Alex... Néanmoins, elle fera route avec Marion... Comme quoi... Rien n’est figé... Ai-je eu de la chance? Non, je crois que ma passion a transpercé. J’aime écrire. Cette lectrice assidue l’a ressenti. Nous partageons tous deux le même amour des mots, le goût du suspense... La matinée se poursuit entre bavardages et intérêts envers mes livres...
12h00 environ: Les portes du salon vont fermer pour cause de déjeuner! Malheureusement, je n’écoute que d’une oreille les indications d’une personne. Conséquence: je sors de la Halle au Beurre, longe bien l’église, descends la rue, comme il était dit... mais je ne trouve pas le restaurant... Je n’ai pas... descendu la bonne rue! Hum!!! Je décide de remonter. Je trouverai bien quelqu’un du salon pour me renseigner. Heureusement, cela est le cas. L’organisatrice même de la manifestation croise ma route. Elle m’indique le bon chemin. De son côté, elle emmène dans sa voiture des exposants âgés jusqu’au restaurant. Elle me propose de revenir me chercher. Je décline son invitation. Le restaurant n’est pas loin; j’irai à pied, ce qui me permettra de découvrir un peu Aumale. Auparavant, bien sûr, je n’ai pas pu m’empêcher de prendre des photographies!... Une curieuse construction en plein centre ville...
A
Et, naturellement, vu mon «périple» précédent, j’arrive en retard au restaurant «La Villa des Houx». Hey, détrompez-vous: je ne serai pas la pire retardataire tout de même! Le maître d’hôtel m’installe à une table. Je rejoins sept convives, dont Monsieur Zappy Max. Il nous livre quelques anecdotes de sa vie. Nous parlons aussi tous de cinéma, de la vie, des valeurs. L’un de nos compagnons n’est autre que le scénariste Jean-Paul Rouland, homme de théâtre, animateur de radio, l’un des pères de la célèbre émission «La Caméra Invisible» (que j’ai suivie... à l’époque). Il est aujourd’hui peintre et écrivain. Le pire est que, lors du déjeuner, je ne l’ai pas reconnu, avec les années passant... Je dois, de même, ajouter que nous ne nous étions pas présentés. Donc, nous discutions tous... simplement... Le matin, à l’arrêt, Monsieur Zappy Max avait donné son nom à un moment... Ce patronyme étant si particulier (et pour cause), je l’ai retenu. C’était aisé ensuite de regarder sur le document destiné aux visiteurs et qui présentait les auteurs d’en savoir plus sur lui. Pour Monsieur Rouland, j’avais eu son prénom et quelques indications: il était le scénariste du film «Tendre Poulet» avec Annie Girardot. Elle interprétait la première femme flic de l’histoire du cinéma français. Il avait parlé de sa pièce de théâtre «Reviens dormir à l’Elysée» (avec une femme présidente de la république!). Ma curiosité étant toujours là, j’ai voulu en savoir plus sur lui aujourd’hui, ce qui m’a permis de l’identifier. En tout cas, je retiens de ce déjeuner une simplicité de la part de tous. Ils m’ont parlé avec gentillesse, avec humilité... Je reste stupéfaite d’avoir partagé mon repas avec de telles personnes! Au fait, non, ne sachant pas toute la vérité, je n’ai pas demandé d’autographe!:)
14h00: Après un bon café (!), je quitte le restaurant. De nouveau, je prends quelques photographies. Une rivière bordée de verdure et l’église. Enfin, le haut de l’église, monument trop grand pour être pris entièrement!
A A
Je regrette de ne pas pouvoir prendre le temps d’une demi-journée pour flâner dans chaque rue d’Aumale, petite ville bien tranquille. Sur la place du Marché, il y a une librairie-papeterie. Je m’y procure les journaux. Je vous scannerai bientôt des articles...
14h10: Je pénètre dans la Halle au Beurre, emplie de monde. Le fils de la libraire accède gentiment à ma demande et me prend en photo. J’en prends d’autres de la salle...
A
D’excellente humeur, je retourne à ma table accueillir mes visiteurs. Au cours de l’après-midi, j’aurai le plaisir de revoir une personne chargée de l’organisation du Salon d’Eu. Et c’est ainsi que j’ai la certitude d’être invitée en 2006! Hum, oui! J’adore ces nouvelles!!!:)... De même, plus tard, j’apprends que je suis également invitée à revenir l’an prochain à Aumale. Formidable! J’ai alors envie de crier sur les toits, mais je m’abstiens. Autant ne pas faire fuir ce couple qui s’approche, cette jeune femme, ces différentes personnes qui viennent me voir. Pendant près d’une vingtaine de minutes, je réponds aux questions d’une jeune fille: sur la manière dont j’écris mes romans (plan, notes des idées, moment de la rédaction des scènes futures), d’où me viennent les idées, comment se faire publier, comment ai-je pensé à l’histoire de Pièges, etc. On me demande aussi quel roman je préfère parmi les miens. Il faut absolument que je trouve le temps pour développer ces thèmes dans le Coin des Lecteurs!... C’est étrange. En ce qui concerne le sujet «comment écrivez-vous?» Il est difficile de répondre à cette interrogation. Certains actes sont automatiques, ou plutôt naturels. Je ne me demande pas comme je vais les faire: je les fais! L’écriture comprend toute une partie de travail, mais il y a également une partie instinctive, que l’on ne peut pas exprimer. C’est ainsi, point! Cela me fait penser à l’instinct maternel: comment tout expliquer? Enfin, nous reviendrons à ces sujets plus tard dans le CDL. Revenons à notre salon!... Notre manifestation se poursuit. J’ai la chance que mes romans intéressent encore des lecteurs. Une lectrice me demande de dédicacer son exemplaire (Légendes) à son mari. Elle m’explique qu’il aimerait écrire, mais qu’il n’ose pas. Je lui dis qu’il doit se lancer. Prendre des risques (est-ce un risque que celui de faire ce que l’on aime?) est vital. Il faut vivre ses passions à fond! Je continue mes discussions. Les minutes glissent peu à peu alors que je partage avec mes visiteurs ma propre passion de l’écriture, ma passion de la rédaction de ces histoires qui m’ont tant appris, pour Pièges, pour Légendes, mais aussi pour chacun de mes romans... chacun à sa façon... Zilou, l’épouse de Jean-Paul Rouland vient me voir. Elle me demande comment je vais. Physiquement, je me porterais mieux si la porte d’entrée ne laissait pas échapper des courants d’air de temps à autre. J’irai bien prendre un café, seulement, si je m’échappe, je suis absente pour mes lecteurs. Je n’ai pas fini ma phrase que Zilou s’éloigne pour aller me chercher ce café ! Elle revient vite: elle est adorable! Je n’en reviens pas de sa gentillesse. Plus tard, j’aurai le plaisir de lui serrer la main, peu avant de m’en aller (en fait, nous nous retrouverons dans le car!).
18h15: J’apprends qu’il est l’heure de plier bagages. Déjà?! Je serais bien restée, moi! Ah! Dommage!!!... Je range toutes mes affaires. Le temps de filer aux toilettes (prudence, avant tout) et je sors de la Halle au Beurre. Les passagers du matin sont déjà dans l’autocar. Oups, je suis la petite dernière... Chacun a repris la même place... Avant qu’il ne nous quitte, je remercie l’organisateur encore pour tout.

Le retour sur Paris...
18h25 environ: Le car s’ébranle. Au revoir, Aumale! A l’année prochaine! Sur la route, j’ai droit à mon deuxième arc-en-ciel de la journée. Cela n’annonce-t-il pas de bons présages? Je me retourne et discute avec ma voisine, installée donc derrière moi. Ecrivant pour les enfants, elle vient fréquemment dans les écoles. Avec plaisir, nous évoquons plusieurs sujets. J’ai un peu mal au cou, mais tant pis! Notre bavardage fait passer le temps à une vitesse folle. Puis nous rejoignons, chacune, notre solitude. Je réalise que nous avons passé les péages. Nous sommes maintenant sur l’autoroute. Il y a davantage de voitures que le matin. Cela dit, la circulation reste fluide, même arrivés à la Défense.
19h50 environ: Nous avons dépassé la Défense: nous sommes à Neuilly. Arrivés Porte Maillot, des passagers descendent pour reprendre un taxi ou le métro. En un éclair (!), je me décide. A mon tour, je descends. En longeant le car, je vois Zilou, Zappy Max esquisser un signe d’au revoir! Je les salue avec un grand sourire. Les reverrai-je en 2006? Je l’espère!...
20h05: Ouille, je déteste les escaliers pour parvenir jusqu’au métro... J’ai de la chance. Le métro arrive au même instant où, moi, je rejoins le quai. Sympa! Je ne perds pas de temps. Dans la rame, je finis par m’asseoir sur un siège, bien que le trajet soit court. Quelques minutes plus tard, je suis à la Défense. En un temps record, je remonte jusqu’au terminal de bus. J’ai peur de rater un car de peu: ce serait rageant. Hé non! Ma chance se poursuit. D’extrême justesse, j’attrape celui de 20h26. Pendant le voyage, je discute avec le chauffeur... Même pas quinze minutes plus tard, je suis de retour à la maison... Ma belle journée s’achève sous peu, mais elle fut très agréable. Bien sûr, je me serais bien passée du retard de l’autocar le matin et du tracas dû à l’absence de mon emplacement. Enfin, je ne me plains pas. Pour moi, reste l’essentiel. J’ai pu participer à un... nouveau salon. J’ai rencontré de... nouveaux lecteurs. Je suis invitée pour 2006, ainsi qu’Eu. Que demander de plus???:):):)
Copyright des photographies: Dominique Letellier.


25e Heure du Livre, Le Mans (Sarthe)
Samedi 8 octobre 2005
Départ...
05h52: Réveil. Je prends mon petit déjeuner, tout en téléchargeant mes messages, et en envoyant une information urgente sur une actualité à un ami brésilien pour son propre site. Brusquement, je réalise que le temps tourne. Je me hâte.

Qui a dit «Jamais deux sans trois?»...
6h38: Je quitte l’appartement. Comme toujours, tout est calme, si silencieux. Chacun dort et, moi, je m’apprête à découvrir un nouveau salon, une nouvelle ville, à vivre une journée excitante et quelque part, stressante. Non, tout le monde ne dort pas dans ma ville: deux personnes sont déjà à l’arrêt de bus. Trois jours plus tôt, j’avais réfléchi aux différentes options que j’avais pour me rendre à la Gare Montparnasse. Après réflexion et pour avoir une sécurité maximum, côté temps, j’avais opté de prendre le bus à la Défense, puis le métro. Je pensais alors que tout se déroulerait à merveille. Bah, voyons!!!! Non, je n’avais pas compris qu’après mon suicidé pour Eu, mon retard d’autocar pour Aumale, j’allais bien avoir des contrariétés pour Le Mans... Jamais deux sans trois!... Reprenons à présent le cours de notre récit!
6h45: Deux bus arrivent, chacun roulant pour une ligne différente. Je décide de monter pour celui allant à La Défense. Le parcours se déroule impeccablement bien.
6h00: La Défense. Je descends vers le quai du métro. Tiens, j’avais oublié ces fichus escaliers. Comment peuvent faire les personnes à mobilité réduite?... Ouf, je suis sur le quai. J’attends... J’ai l’impression qu’une éternité ne s’écoule avant qu’une rame ne vienne. Bien sûr, il est très tôt: le nombre de métro est réduit... Pourtant, les secondes, les minutes s’égrènent. Enfin, le métro arrive. Je monte et m’assieds. Les portes restent désespérément ouvertes. Je sais que cela est de mauvaise augure. Une voix annonce par haut-parleur qu’en raison d’un gros problème de signalisation, le trafic est très perturbé. Voilà mon «jamais deux sans trois»! Mon train part à 7h00 à la Gare Montparnasse. Un, je ne connais pas cette gare (ou plutôt, j’y suis allée il y a si longtemps que je n’en ai aucun souvenir). Deux, je ne suis qu’à La Défense et je suis chargée de surcroît. Mon sang ne se glace plus: il est complètement gelé. Je sens que je vais craquer... Je vois le chauffeur descendre de la locomotive et aller à un téléphone par deux fois. Je n’en peux plus. Je me lève et remonte la rame. De là, j’hèle l’homme. Il me dit que nous allons repartir. Seulement (???), il y a en effet un gros problème de signalisation. Donc, à chaque station, nous mettrons beaucoup de temps avant de parvenir à la prochaine. Le conducteur me conseille de prendre le RER jusqu’à Châtelet, au coeur de Paris, puis d’y reprendre le métro. Néanmoins, il y a déjà trois stations de RER entre La Défense et Châtelet. Là, il faudra encore du temps pour accéder au quai. Non, non, ce sera trop long. Mon seul espoir est de prendre le RER, oui, mais jusqu’à Charles-de-Gaulle. Un seul arrêt et, ensuite, je prendrai la ligne 6, avec près de vingt minutes de transport..
06h05: Cela peut être jouable... si tout va bien... Si j’ai un RER et un métro dans l’immédiat. Si je me repère bien à Montparnasse. Cependant, honnêtement, je n’y crois guère. Sans bagage, il m’aurait été possible de trotter (attention, à l’entorse!), et de slalomer entre les passagers. Là, ma valise à roulettes, lourde, m’en empêche. Je remonte un petit escalier vers les portes. Zut, elles ne permettent pas de sortir. Je dois redescendre, remonter le quai entier et un escalier. Je franchis d’autres portes, gravis un escalator (qui fonctionne), refranchis des portes. Je suis sur la plate-forme centrale. Heureusement, je la connais bien: cela aide! Je refais en sens inverse le parcours que j’ai effectué un étage plus bas. De nouvelles portes à franchir... Je descends le premier escalator aisément. Pour le deuxième, j’ai envie de hurler. Il est en panne, dort toujours, bref, je dois me débrouiller pour descendre à pied un long escalier, scindé par des paliers. Arrivée entre le milieu et la fin de cet imbécile doté de marches, je demande à un homme de m’aider. En tout cas, j’ai au moins la satisfaction de ne pas rater un RER de peu. Je patiente et une rame arrive.
06h12: J’ai beau réfléchir. Je ne sais pas quoi faire, à part espérer. Je me souviens alors qu’il y avait un TGV vers les huit heures. Donc, au pire, si je rate mon train, je peux acheter un billet et prendre ce TGV, ce qui me ferait arriver au Mans à 09h30... Charles-de-Gaulle: la malchance (?) continue. Je dois encore remonter le quai afin de prendre la bonne correspondance. Des escalators qui fonctionnent cette fois, des couloirs, des portes, des couloirs, des escaliers... J’ai chaud, je suis fatiguée par mon chargement et, je suis quand même, toujours angoissée de rater mon train à peu de minutes. L’idée du TGV m’a calmée. Cela dit, je préfèrerais prendre mon TER, sans délai, sans supplément. Voilà la rame! De nouveau, je suis assise. Après l’arrêt Passy, les voies ne sont plus souterraines. Le métro enjambe le pont. Paris est enveloppée d’un manteau noir, qui scintille. La Tour Eiffel n’est pas loin. Tout cela est magnifique, si paisible.
06h29: Je suis toujours dans mon fichu métro. Il y a la Gare Montparnasse 1 et la Gare Montparnasse 2. Manque de chance, sur mon billet, il est indiqué «Montparnasse 1 et 2». Très drôle! Comment savoir? J’aurais dû appeler la SNCF la veille... à condition qu’ils puissent me renseigner... Depuis cinq mois, je me bats pour obtenir une petite carte, appelée «Grand voyageur»... Alors, là, la SNCF, côté compétences, il y a de quoi s’inquiéter! Une femme est assise en face de moi, de l’autre côté de la porte. Je l’interpelle et lui demande si elle connaît Montparnasse. Hum, trop peu, mais un homme m’a entendue: il travaille à cet endroit. Il répond donc à ma question. Un TER en direction du Mans partira obligatoirement de Montparnasse 1. Je devrai remonter au niveau 1 pour y accéder. Ses conseils sont bien précieux! De plus, il m’annonce que nous arriverons vers 06h40.
06h40: Effectivement, je suis arrivée. Deux escalators (qui fonctionnent!) et je pénètre dans la salle des pas perdus. En vitesse, j’achète un journal. Mon train est déjà affiché: voie 22. J’y vais, je cours, je vole ! Sur le quai, un homme me complimente: «Vous êtes très jolie!»... Euh, merci! Hum, il me propose de m’aider pour monter ma valise à bord. Euh, non merci, cette fois! Je peux me débrouiller seule. Surtout, je n’aime pas me faire draguer de cette façon... Vingt (?) précautions valent mieux qu’une. Je me fais bien préciser par le chef de gare que ce train va réellement au Mans. Je grimpe à l’intérieur. En fait, il ne s’agit pas d’un TER qui sert à relier des banlieues, mais des régions. Ce train est hyper moderne: à l’intérieur, des banquettes sont installées d’abord latéralement. Les places à quatre sont pourvues d’une table. Côté espace détente, nous avons deux distributeurs. L’un offre des friandises, l’autre des boissons chaudes. Malheureusement, moi qui rêve d’un café, je devrais m’en passer: cette machine-là est en panne!
07h00: Nous partons... La nuit est toujours là: de l’extérieur, je n’aperçois que quelques lumières.
07h47: Maintenon.
07h58: Chartres. Je pense à Jean Moulin, qui y fut préfet... Le jour se lève vraiment, sauf que le brouillard, lui aussi, est debout. Je ne vois pas grand-chose. Dommage, moi qui espérais découvrir les paysages!
08h21: La vue d’un panneau me donne une idée pour l’un de mes livres. Génial! Comme quoi, on peut être inspiré, partout, n’importe quand! C’est ce que j’aime aussi dans l’écriture... Le brouillard est parti. Chouette!
08h35: Nogent-Le-Rotrou. La gare n’est pas grande et... le brouillard s’est de nouveau invité. J’enrage; je ne vois toujours pas le paysage, juste les maisons et la campagne proches.

Découverte du Mans...
09h13: Le Mans! Génial, le soleil est là et le brouillard a disparu. Je suis heureuse de découvrir la ville par beau temps. Dehors, je prends une photographie de l'avenue du Général Leclerc qui fait face à la gare...
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J’ai l’impression d’être en vacances à cet instant. Hélas, mon emploi du temps ne me permet pas de flâner: ce sera ma seule déception de la journée... Je marche dans cette fameuse avenue du Général Leclerc. Sa pente me rappelle un peu Powell Street à San Francisco, cette même rue que prenaient Marion et Philip dans Pièges... J’arrive enfin à une place. A ma droite, une église. Je verrai aussi une rue pavée, piétonne... Décidément, la ville me plaît! J’enchaîne avec une autre avenue. Je croise celle du Général de Gaulle (que de noms historiques!). A ma droite, se situe la rue de l’Etoile. C’est là que se trouve la librairie Thuard, dont les propriétaires m’ont invitée à participer au Salon.
09h35: Je rencontre Mme Thuard qui me remet un papier me permettant l’accès gratuit à la manifestation. Elle me propose un café. Mais je préfère prendre une boisson qu’une fois installée définitivement au stand. Aussi, je repars. Je choisis d’effectuer un petit détour pour m’épargner un énième escalier. Devant moi, il y a un grand parking que semble surveiller, un peu plus loin, la cathédrale St Julien, romane et gothique.
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A ma droite, un immense terrain. J’apprendrai plus tard qu’il sert de lieu de pesage pour les fameuses voitures courant pour la course des 24 Heures. Tous les chapiteaux blancs sont dressés. Je traverse la rue du 33e Mobiles.
09h50: Rapidement, j’accède à la première tente gigantesque. Pour vous donner une idée, voici deux informations que j’ai obtenues après le salon. D’une part, il y avait 300 invités (auteurs, libraires, exposants divers). D’autre part, le cap des 30 000 visiteurs fut franchi pour l’ensemble des deux jours de l’événement (le samedi et le dimanche)... Mon oeil accroche plusieurs panneaux de la librairie Thuard. Je me dirige alors vers l’une des tables, près de l’entrée. Petite gaffe: j’atterris à une autre librairie. Effectivement, les panneaux survolent des tables qui sont, en réalité, quelques mètres plus loin. Un effet de perspective qui me vaut un dérangement pour rien... Cette fois, je m’adresse aux bonnes personnes. Monsieur Thuard m’invite à rejoindre les auteurs «Polars». A l’emplacement dit, je fais la connaissance d’une bénévole et de Sophie, employée à la librairie. Elles ont, surtout, mission d’encaisser les paiements des visiteurs/lecteurs... Je suis le premier auteur «Polars» arrivée. Je n’aime pas cette étiquette, car j’estime que mes romans ne sont pas des polars... Pourtant, je ne me plains pas d’être là. J’installe mes livres, mon matériel, puis je bois le café que je me suis offert un peu plus tôt... Je suis prête!...

Rencontre avec mes visiteurs...
10h15 environ: Les visiteurs sont déjà là, bien nombreux. Cependant, ce n’est rien comparé au nombre qu’ils seront durant l’après-midi... Cela dit, nous avons de vrais lecteurs. Un jeune couple arrive. Ils achètent deux livres d’autres auteurs. Puis la jeune femme s’intéresse aux miens. Oups, elle hésite entre les deux pour des questions de budget (maudit budget!!!). Son choix se porte sur Pièges... Nous discutons avec animation. Elle me demande bientôt quel est mon livre préféré entre mes deux titres. Je lui réponds que :)... «Et si on lui demandait de choisir entre ses enfants?» (deux l’accompagnent, le troisième est à l’école). Il m’est IMPOSSIBLE, totalement impossible de choisir. Les histoires de mes romans sont différentes, mes souvenirs au moment de l’écriture sont différents, mes émotions ont été différentes. Non, je ne pourrais jamais choisir. Une dédicace, puis une autre, encore pour Pièges. Entre-temps, j’avais demandé à Sophie de prendre une photographie afin que je puisse illustrer mon site.
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Hips, ce fut la dernière sur la pellicule. Je décide de sortir vers midi pour aller chez un photographe. J’aimerais prendre d’autres photos. Bien sûr, j’hésite à m’absenter. Quoi de plus idiot qu’un stand déserté par l’auteur? Heureusement, mon hésitation s’est poursuivie et je suis donc là lorsqu’une lectrice survient. Nouveau dialogue, toujours enrichissant. Ah! Oui, voilà ce que j’aime! J’adore écrire. Ensuite, j’adore discuter avec mes lecteurs, partager avec eux ma passion, bavarder au sujet des personnages, de l’histoire, des scènes. Sans ce partage, je reste frustrée. Etre publiée, oui, mais si l’on ne rencontre pas ses lecteurs, si l’on ne discute pas avec eux, cette publication est plutôt inutile à mon avis. Savoir ce que les lecteurs ont pensé, échanger nos idées est primordial, plus que primordial, vital... Après le départ de ma future lectrice, je me retire... momentanément...:)
12h10 environ: Sophie m’a indiqué où aller. Je sors du chapiteau. Le temps est toujours splendide, le nombre de visiteurs croissant. Sans hésitation, je traverse la rue, longe le parking, descends une petite rue tranquille et rejoins une autre, qui, normalement, conduit vers le centre historique. Mes regrets refont surface: toute visite est interdite. Allez, je ne suis pas là en touriste... J’aperçois un grand magasin spécialisé. Il vend forcément des pellicules. Quelques instants plus tard, munie de mon petit trésor, j’entre dans une librairie. Des cartes postales appuient la même idée: le vieux Mans est magnifique. Maintenant, destination, une boulangerie! Un sandwich sous le bras, je reviens vers le Quinconce des Jacobins et vers mon stand.
12h45 environ: Mon pain suédois est dans mon estomac. Des gorgées d’eau citronnée me rafraîchissent. Une nouvelle vague de visiteurs viendra sous peu: ceux de l’après-midi...
13h00 environ: Un homme s’arrête devant moi. Son désir oscille entre Légendes et Pièges qu’il choisira. Je ne sais pas pourquoi mais je lui demande pour quelle raison: l’histoire de Pièges est davantage moderne. O.K. Pourtant, les thèmes de Légendes le sont aussi. En fait, ils sont intemporels, comme l’expliquerai-je à des visiteurs... Je signe mon livre pour son amie: c’est un cadeau... Il s’agit également d’un cadeau pour moi. Oui, c’est drôle, car, en partant, les gens me disent «merci». Et moi, je leur réponds: «Non, c’est moi qui vous remercie!». N’est-ce pas beau qu’ils s’intéressent à un auteur inconnu, qu’ils se décident à prendre l’un de mes romans, rien qu’en lisant le résumé? Car si quelques visiteurs feuillettent le livre, je remarque qu’ils se décident, rien qu’à la lecture du résumé justement... Je suis sur mon petit (grand) nuage. Pour une première participation à la 25e Heure du Livre, je suis heureuse... Mon bonheur s’accentue. L’une des visiteuses est revenue. Plus tôt, elle était donc venue, avait lu les résumés, mais n’avait rien pris. Elle m’avait dit qu’elle faisait un tour et qu’elle reviendrait... Cette phrase étant un peu... faite, je déteste toujours l’entendre. D’ailleurs, je me suis promis de ne plus l’employer quand je viendrai sur un stand, en tant que visiteuse. Autant avoir la franchise de ses pensées: non, je ne suis pas intéressée... Je bavarde avec cette femme, très sympathique. Elle me confirme qu’après avoir vu d’autres stands, ce sont mes livres qui l’ont accrochée. Dorénavant, elle fait route avec mon Alex!... Je vois défiler d’autres personnes. Certaines s’arrêtent, d’autres non. Parmi les premières, plusieurs regardent mon «book». Il s’agit de ma dernière petite nouveauté. Hé oui... Il faut se mettre à la page, comme on dit. Alors, j’ai empli un classeur d’articles écrits sur mes romans ou des reportages liés à ces manifestations auxquelles j’ai pris part. Une visiteuse me dit qu’il est complet! Hum, pour moi, il ne fait que commencer: il n’y a que peu de salons en fait. Et puis, comme toujours, à la place d’un article, rien ne vaut la lumière dans les yeux d’une lectrice ou d’un lecteur quand nous discutons de Légendes ou de Pièges... Cette magie indescriptible... Ah! Mon attention se porte vers une visiteuse. Elle a saisi l’exemplaire de démonstration de Légendes. Je la vois sourire. Alors, je lui demande pourquoi: elle se prénomme... Alexandra... Un peu plus tard, j’ai le plaisir de dédicacer Légendes à... Alexandra!... Sophie, la vendeuse, m’annonce que, sur les quatre auteurs présents ici (le fils de Frédéric Dard, qui était à ma droite, n’est resté que quelques minutes en tout), un auteur de polar primé la veille et moi-même avons le plus vendu. Hips, hips... Je suis fière et heureuse... Non seulement, je viens d’une autre région (je ne suis pas donc pas l’enfant du pays, ce qui est un avantage pour tout salon), mais je ne suis pas réellement médiatisée. Mon idée rejoint celle eue plus tôt... Les résumés de Légendes et de Pièges sont un mot de passe fantastique! Et puis, lorsque je discute avec un passant, ma passion transparaît sans peine... Après Aumale, c’est un jeune homme qui me pose diverses questions: comment je m’inspire, combien de temps mets-je pour écrire un roman... Je retrouve le même souci. Il n’a pas lu mes livres, alors, cela est difficile de lui expliquer comment me sont venues mes idées: tant pour Alex que pour Marion... Pendant un temps, ce sont des flâneurs qui passent. Ils effectuent un grand tour. Je remarque que certains d’entre eux ne prêtent même pas attention aux étals: ils marchent en regardant droit devant eux... Bizarre!... Un groupe de jeunes filles fait une halte chez moi... Quelques instants plus tard, une nouvelle fois, une femme s’arrête. Nous entamons une conversation. Je lui présente Pièges. Le nom «Canada» fait tilt à ses oreilles brusquement. Et elle m’explique: le mari de l’une de ses cousines (celle-ci a près de soixante-quinze ans) est parti travailler au Canada. Il est revenu un jour avec un «pactole». Depuis le décès de cet homme, sa veuve réunit tout ce qu’elle peut sur le Canada... Un souvenir... Résultat, ma visiteuse décide d’offrir mon livre à sa cousine... «de la part des cousins». Donner un peu de bonheur à cette «cousine» me réjouit. Marion et Philip l’emmèneront dans un fantastique voyage au Canada. J’espère qu’elle aimera Vancouver comme moi, je l’ai aimée et l’aime toujours... Nous abordons la fin de l’après-midi. Je suis épuisée par la tension et... l’attention qu’il faut avoir à chaque moment... par le haut-parleur qui ne cesse d’émettre des sons, le brouhaha, la chaleur... Finalement, je décide de partir. Voici les dernières photographies prises lors du Salon.
  
Au début, il est dix-sept heures trente. En fait, le temps de saluer chacun, de souhaiter bonne chance aux autres auteurs présents à mon stand, de remercier le libraire, les organisateurs, il est déjà dix-huit heures. Des bénévoles peuvent nous emmener en voiture jusqu’à la gare. Tant mieux! J’avais pensé y aller à pied et prendre des photos en route, mais je suis trop fatiguée.

Fatigue, mais souvenir d’une belle journée...
18h00: Je suis à bord d’une voiture. Notre chauffeur salue un homme sur le parking qu’il connaît. Il se tourne ensuite vers le passager, situé à sa droite et lui annonce «L’un des adjoints du Maire»... Ce passager se retourne vers moi: «Enchanté!»... Hé oui, il croyait que j’étais l’adjoint...e!!! Le chauffeur rétablit la vérité. Comme quoi, les apparences sont bien trompeuses. Mais les gens se fient tellement aux apparences! L’homme m’a saluée d’une manière très polie dès lors où mon «identité» lui a été communiquée... Au fond de moi, je suis partagée entre le rire pour cette méprise et une sorte de dédain. N’étant pas l’adjointe, je n’intéresse plus l’homme... Bah, oui... Et, bien, cher monsieur, sachez que je suis très fière d’être moi-même, de réaliser mes propres rêves, tout en me respectant, et en étant fidèle à mon intégrité. Sachez également que l’on demeure la même personne: habillée en tailleur, vêtue d’un blouson/jupe, en jogging ou encore en pyjama. Seul l’habit fait le moine... Et chacun mérite le respect dès lors où il respecte les autres...
18h10: Voici la gare du Mans. Ce passager m’annonce qu’il prend le TGV de 18h59. Je réfléchis à toute allure. Et si j’embarquais aussi à bord? Mon TGV n’est qu’à 19h35 (arrivée à Paris à 20h20). Je rentrerais ainsi bien plus tôt. Je me rends au guichet. Formidable: mon billet est échangeable. Sans payer de supplément, je peux donc m’offrir le luxe de revenir à 19h55 à Montparnasse.... Encore un escalier, un couloir, un escalier qui monte... Je suis sur le quai. Je n’ai le temps de m’asseoir que quelques minutes... Le TGV navigue déjà sur les rails... C’est la première fois que je l’emprunte pour cette liaison. A priori, il vient de Rennes et de Laval. Je monte à bord. Je suis côté fenêtre. Conséquence: je dois déranger une passagère. Un homme m’aide à mettre ma valise dans le porte-bagages. Seulement, m’apercevant qu’elle dépasse plutôt, je ne suis pas rassurée. Fin de l’histoire, un autre homme me la redescend (merci!) et je m’installe, près de la sortie, à côté du couloir. Le contrôleur ne me fera aucune remarque... Tant mieux!
19h25: Une demi-heure s’est écoulée. Dehors, j’ai pu voir un peu la campagne avant que la nuit ne s’attarde. Je sors mon planning de mon sac. Je travaille dessus jusqu’à ce que j’entende une annonce: nous arrivons en gare de Paris Montparnasse.
19h55: Je descends de ma voiture. Remontant le quai, je me dépêche de me rendre à la station de métro. Je glisse mon ticket. Les portes s’ouvrent et se referment. Ma valise est coincée. Une jeune femme met son propre billet, ce qui débloque le tout. Plus loin, gentiment, son compagnon m’aidera encore pour des escaliers... La rame arrive enfin. Je m’assieds: la fatigue est présente dans tout mon corps... Malgré l’heure, il y a du monde ici. Pour ma part, je ne songe qu’à la magnifique journée que j’ai vécue.
20h35: Je suis à La Défense. Le prochain bus n’est que dans treize minutes. Cela me semble une éternité. J’attends... Je n’ai vraiment pas le courage de descendre à pied!... Ma patience est récompensée. J’effectue bientôt la dernière partie de mon voyage. Sur le trajet, je discute un peu avec la conductrice. Et dire que deux heures auparavant seulement, j’étais au Mans...
21h04: C’est l’heure qui est affichée sur mon magnétoscope: je suis arrivée chez moi! Une bonne douche et quelques verres de lait (aromatisés à la menthe!) me soulageront... Ensuite, une bonne nuit de sommeil m’attend...:)
Copyright des photographies: Dominique Letellier.


15e Rencontre du Livre, Maromme (Seine-Maritime)
Mercredi 16 novembre 2005
Départ...
15h12: Gare Saint-Lazare. Le train s’ébranle en direction de Rouen. Comme d’habitude, je n’ai pas le temps de m’ennuyer durant le trajet. Pendant une partie du voyage, je travaille sur mon planning; l’autre partie sur un projet qui me tient à coeur.
16h15: Les tours de la Cathédrale de Rouen se profilent. Je ressens ce même plaisir à les contempler. De plus en plus, je me sens reliée à ma terre natale, aux souvenirs qu’elle renferme... Une demi-heure plus tard, je suis enfin arrivée dans ma famille. La soirée passera évidemment très vite!:)

Jeudi 17 novembre 2005
Chez Paris Normandie
09h25: Je prends le métro en direction du Palais de Justice. Là, quand je débouche sur la place, ma déception est grande. La façade du monument est recouverte d’une bâche. J’ai toujours été impressionnée de voir les trous qui parsemaient ses murs. Ces trous sont le résultats des nombreux tirs opérés durant la Seconde guerre mondiale... J’ai plaisir à marcher dans les rues: rue St Lô, rue des Carmes, rue de l’Hôpital... Elles n’ont pas changé. Des maisons ont ce charme des anciennes bâtisses, anciennes, mais présentes depuis si longtemps.
Place du Général de Gaulle. Face à moi, se dresse l’Hôtel de Ville. Hasard du calendrier: l’après-midi même est diffusé à la télévision «Adieu Poulet». Ce film avec Lino Ventura et Patrick Dewaere se déroule à Rouen et une longue scène avait été tournée ici, sur cette place et au sein de l’Hôtel de Ville.
Je rencontre bientôt Franck Weber, journaliste à la rédaction locale de Paris Normandie. Il me demande de parler de moi. En quelques mots, je me présente, puis j’enchaîne sur mes livres. Je sais que je peux devenir, non, que je deviens intarissable lorsque j’évoque mes romans. Heureusement, je suis guidée par les questions de mon interlocuteur. Mon seul petit regret? Il écrira que mon repère est Agatha Christie. Or, je lui avais dit que je lisais les livres de cette dernière lorsque j’étais plus jeune. Ce qui est différent... Si je peux me permettre, je me trouve cependant un point commun avec cette grande romancière: la violence ne fait pas partie de nos univers! Ensuite, Franck Weber prend deux ou trois photographies. Moi qui déteste poser... Tiens, cela me rappelle la réflexion de l’un de mes personnages dans Légendes:)... Près de quarante minutes plus tard, je sors des locaux du journal. Ma première interview est terminée. Evidemment, j’ai adoré cette expérience. J’ai adoré avant tout le fait que mes lecteurs connaissent davantage mes pensées. C’est le but de cet article: pouvoir m’exprimer. De plus, comme je l’ai mentionné à Monsieur Weber, la rencontre avec ses lecteurs (et lectrices bien sûr) est fondamentale pour un écrivain: partager est capital. Lors de l’écriture, je suis face à mes personnages. Quelques mois plus tard, je suis face à mes lecteurs qui ont rencontré mes personnages: la boucle est bouclée, pourrait-on dire. Non, car à chaque écriture, à chaque lecture, nous en ressortons différents: des émotions nous ont étreints.

Vendredi 18 novembre 2005
Journée de repos: De temps en temps, il est nécessaire de se ressourcer!

Samedi 19 novembre 2005
En route...
Matin: Mes affaires sont prêtes, les horaires de métro et de bus sont vérifiés. Vu certaines péripéties pendant le transport lors de mes précédents salons, il est certain que ma méfiance a grandi. Je me demande ce qui va bien m’arriver aujourd’hui. Non, mes craintes ne sont pas justifiées. Le métro vient sans retard conséquent. Au Théâtre des Arts (grande place de Rouen, et terminus/passage des bus et métros), nous prenons Teor. Teor est un bus de couleur bleue qui possède son propre couloir. Aussi, il n’est pas trop perturbé par la circulation. Cela dit, à cette heure-là, les voitures ne sont pas nombreuses. Sur les quais de la rive gauche, la Foire Saint Romain s’est installée. Dans cette catégorie de manifestations, elle est l’une des plus anciennes de France. Manèges, stands, grande roue font le bonheur des petits et des plus grands. Je regrette de ne pas avoir le temps de m’y rendre. J’ai des souvenirs d’enfant quand elle se tenait dans le quartier du Boulingrin, non loin de la Gare de Rouen Rive Droite.
14h20 environ: Nous sommes enfin à l’espace culturel Beaumarchais. Voici l’entrée et l’affiche de la manifestation:
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Quelques auteurs sont déjà installés. Nous prenons place à notre tour. Ma mère m’accompagne: j’en suis heureuse. Elle était là lorsque je commençais à écrire, lorsque j’ai terminé mes premiers romans, lorsque je les ai modifiés. Elle a constaté mon évolution indiscutable. Elle fut l’une des premières personnes à m’encourager, à partager mes joies, mes tristesses (parfois) d’écrivain. J’ai l’impression qu’une éternité s’est écoulée depuis l’ébauche de mon premier livre. Dans un sens, oui... En même temps, il est toujours étrange de constater que je fais partie des plus jeunes auteurs lors d’un salon.
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Est-ce pour cette raison que je suis sérieuse sur cette photographie?:)
15h00: L’heure d’ouverture de la manifestation et... rencontre avec les premiers visiteurs. Parmi lesquels, je vois l’un de mes oncles. Nous discutons avec enthousiasme. Ces derniers temps, je suis passée en coup de vent dans ma Normandie. Alors, je n’ai guère pu voir toute ma famille. Aujourd’hui, mon contentement est au maximum. Mon parent me promet de revenir le lendemain. Chouette!... J’ai omis de préciser que je retrouve Monsieur Boescher qui était présent au Salon du Livre à Eu. Surprise: il m’achète un exemplaire de Légendes... Nous discutons avec une femme. Elle me promet, à son tour, qu’elle viendra me rendre visite au Mesnil-Esnard où se déroulera mon prochain salon. Face à moi, soudain un jeune bambin de deux ans accompagne son père. Mmm, il est trop jeune pour lire mes livres. Il me rappelle ce petit garçon âgé de cinq ans que j’ai vu à Aumale. Avec amusement, je lui avais conseillé de revenir dans... dix ans. Ce bout de chou m’avait répondu... «Oui!». Mignon, n’est-ce pas:)? C’est ce que j’aime également lors de ces événements littéraires. Il y a des rencontres inattendues: ce ne sont pas des lecteurs, mais elles marquent l’esprit et nous enchantent. Il y a alors cette innocence fragile qui est si vitale, si nécessaire à notre monde. Rendez-vous donc dans quinze ans cette fois!...
Monsieur le Maire vient saluer chaque auteur. Hum, moi, je le remercie de m’avoir invitée! Il y a un plaisir impalpable de revenir dans un salon. J’ai l’impression d’être comme à la maison: je retrouve des murs familiers, un environnement connu, des organisateurs qui se mettent en quatre pour que le succès soit au rendez-vous. A présent, j’ai de la peine pour eux. Le flot des visiteurs s’est réduit à une peau de chagrin. Un écrivain, proche de moi, fera la réflexion suivante: «Il y a maintenant plus d’auteurs présents que de visiteurs». Quelle en est la raison? Certains accusent le froid et le brouillard présent. Je pense à la Foire Saint Romain qui nous chipe des visiteurs. Mais, surtout, je songe à Noël. Nous sommes samedi; les magasins sont donc ouverts. Chacun veut éviter la cohue des derniers jours. En toute modestie, je crois ma théorie être la bonne. Car le lendemain, dimanche, les visiteurs seront bien là. Les commerces ne bénéficieront pas encore de la permission exceptionnelle: celle d’ouvrir un jour férié. Tant mieux pour nous!!!
Plusieurs personnes lisent, près de mon «book», l’article qui est paru dans le Paris Normandie le matin même. D’autres visiteurs me diront l’avoir lu chez eux. Une femme m’interpelle. Elle me demande si j’ai un lien avec Antoine Letellier. Euh... Non! A ma connaissance, personne ne porte ce prénom dans ma famille. Enfin, si, j’ai bien un petit-cousin prénommé ainsi, toutefois, son nom n’est pas Letellier... Mes rencontres se poursuivent. Je réponds aux questions sans aucune lassitude même si, parfois, ce sont les mêmes... Cela me donne d’ailleurs des idées pour le Coin des Lecteurs. L’une des interrogations les plus fréquentes demeure le temps qu’il m’est nécessaire pour écrire un roman. L’autre est: «où puise-je mes idées». De plus en plus, l’image d’un puzzle est celle qui convient... celle avec des pièces mélangées dès le départ (naturellement!), des pièces qui sont visibles et des pièces qui sont cachées, qui restent à découvrir...
La fin de la manifestation pour ce jour approche...
18h30: Nous rangeons nos affaires. A l’extérieur, le froid est toujours là, mais il est supportable. Les lignes de bus ont changé par rapport à l’an passé. Si bien que nous pouvons prendre un bus qui n’opère pas une visite guidée de presque toute l’agglomération nord de Rouen... D’accord, j’exagère un peu. Cependant, il est vrai qu’en 2004, nous mettions près de trois quarts d’heure uniquement pour relier le Théâtre des Arts. Là, en quarante minutes, nous sommes de retour, dans le vestibule, à la maison... Aucune comparaison n’est possible!

Dimanche 20 novembre 2005
Maromme: le retour!
14h20: Même heure, même endroit, mêmes visages familiers pour les auteurs: je suis de retour à Maromme. Seulement, aujourd’hui, je suis seule... Enfin, seule en compagnie de Marion et d’Alex...
15h00: Tout recommence! Les visiteurs arrivent. Effectivement, je vais constater au fur et à mesure que l’après-midi avance qu’ils sont davantage nombreux que la veille. Je présente mes romans à l’un des nouveaux arrivés. Le Canada ne lui est pas inconnu. Cet homme a voyagé jusqu’à Calgary, dans l’Alberta, près des Rocheuses. Nous discutons avec animation sur ce magnifique pays. Lorsqu’un autre visiteur vient à mon stand, l’homme s’éloigne, mais il reviendra. Nous reprendrons alors notre conversation et il repartira... avec Pièges sous le bras. Cela n’est pas la première fois qu’une personne qui est allée auparavant au Canada est envie d’entreprendre un voyage en Colombie Britannique avec Marion. J’en suis touchée. Ma passion pour le Canada est partagée par d’autres gens. Avec ceux-ci, notre goût pour les mots prend une autre dimension. Et, à certains qui ne connaissent qu’une partie du Canada, je suis contente de leur faire découvrir Vancouver... D’autres contacts et ventes...
L’après-midi défile vite. Soudain, un couple s’arrête devant moi. L’homme me demande si je suis la fille de Monsieur Letellier. Oups, après hier! Mais cette fois, le prénom est exact. Je réponds oui, sans replacer ces personnes dans un contexte. Alors, ils me donnent à leur tour leurs prénoms et ajoutent une précision. L’homme n’est autre que le frère de mon père, oncle que je n’ai jamais vu auparavant. Si, si, je vous l’assure!!! Bien sûr, il est accompagné... par ma tante... La vie d’une famille pourrait être l’origine de mille histoires dans des livres. Où aller chercher son inspiration? Elle est là, si souvent près de soi... Nous faisons donc connaissance. Et je comprends comment ils m’ont «retrouvée». En fait, à la Journée des Loisirs et des Associations à Saint Etienne, j’avais rencontré l’une de mes cousines qui avait ainsi appris que j’écrivais. Elle en avait touché un mot à sa mère (que je n’ai pas vue depuis fort longtemps: l’éloignement géographique n’ajoutant rien de bien!) qui, ensuite, en a parlé à son frère lors d’un déjeuner récent. Mon oncle me dit que, lorsqu’il a vu ma photographie dans le Paris Normandie, il a trouvé que je ressemblais à deux de ses soeurs!... Car c’est en voyant l’article qu’ils ont saisi la relation entre l’auteur rencontré par Franck Weber et leur propre nièce... La vie est bien curieuse, non? Il suffit d’une rencontre non organisée, d’un reportage et les changements surviennent. Par son déroulement, cette histoire semble incroyable et, pourtant, elle est véridique... Tous trois, nous partons dans un long bavardage, prenant des nouvelles de chacun et de chacune... Plus tard, ils me proposent de me raccompagner. En attendant 19h00, ils se promèneront de stand en stand....
De nouveau en compagnie d’Alex et de Marion, j’accueille des visiteurs. La fièvre qui m’anime ne m’a pas quittée. Jamais je ne me lasserai de parler de mes romans, des intrigues que j’ai élaborées, d’expliquer le pourquoi des histoires... Hips, ma famille a décidé de me rendre visite. J’ai le plaisir de revoir mon oncle (venu la veille) et de ma tante. Tous deux m’offrent également de me raccompagner le soir venu. Oups, il ne m’est pas possible de me couper en deux. Les fêtes de fin d’année approchent. Comme ils habitent dans la région de Rouen, je pense les revoir donc bientôt. Il n’en demeure pas moins que je suis touchée par leur suggestion.
19h00: Il est l’heure de repartir... Déjà!... A ce jour (13 décembre), je reste encore ébahie du déroulement de ces deux journées. J’ai partagé ma passion du Canada avec des visiteurs, ai discuté longuement de mes livres, surtout de Pièges et de Légendes avec mes futurs lecteurs, j’ai revu des membres de ma famille et j’ai enfin fait la connaissance d’autres parents! Oui, la vie réserve aussi de belles surprises!:)
Copyright des photographies: Dominique Letellier.


2e Salon du Livre, Le Mesnil-Esnard (Seine-Maritime)
Vendredi 25 novembre 2005
Paris/Rouen: retour en Normandie!
Début d’après-midi: Je suis de nouveau à la Gare Saint-Lazare. Après un petit détour à ma librairie habituelle (elle vend des journaux étrangers, ce qui m’intéresse au plus haut point!:)), je rejoins mon Corail. Comme à mon habitude, j’ai emmené des dossiers. Je boucle rapidement l’un puis je m’attelle à un autre travail, plus ardu, mais plus passionnant. C’est au cours de ce voyage que j’acquiers mes deuxièmes certitudes: je suis sûre à présent du sujet dont j’ai envie de traiter pour mon prochain roman. Ma première certitude concernait l’un de mes personnages principaux. Au fond de moi, je sais que Le Projet X est lancé... Tout doucement... Pourtant, il est bien là, de nombreuses feuilles sur mon calepin en témoignent... Pour l’instant, laissons Le Projet X de côté: sur le Coin des Lecteurs, il a sa propre page!
16h00: Arrivée à la maison familiale. Quelques rendez-vous, courses et retour: enfin au chaud!

Samedi 26 novembre 2005
Journée de repos et de préparation
Hé oui! Ces heures me permettent de me reposer un peu, d’être entourée de silence. J’en profite aussi pour me préparer mentalement. En discutant avec des personnes, je me suis aperçue que certaines d’entre-elles s’imaginent qu’un salon est, allons, disons-le, comme une cour de récréation: on y viendrait presque, les mains dans les poches, en sifflotant, l’esprit libre de tout... De cette idée simpliste, je n’en retiens que le côté premier: un salon représente une véritable joie. Il symbolise la rencontre magnifique avec mes lecteurs (et lectrices), avec mes visiteurs. Je crois que rien ne peut égaler ce dialogue, ces échanges attendus depuis si longtemps. Monsieur Weber (vous vous souvenez ? Il est journaliste à Paris Normandie) m’avait demandé quel salon je préférais. Impossible de répondre: ils sont tous différents, de diverses manières. Côté négatif, l’un peut être plus éprouvant (longue distance pour parvenir à la ville), plus bruyant (en raison d’animations sur certains stands, le brouhaha continuel), plus fatiguant (les spots de lumière un peu forts parfois), l’un peut m’apporter son lot de contrariétés (hein, ma guigne pour certains trajets!!:)). En contrepartie, l’intérêt d’un salon ne se base pas sur le nombre de ses visiteurs. Que ce soit à Eu, à Saint Etienne ou au Mans, la richesse vient de la personnalité de mes visiteurs. Peu m’importe que j’en ai rencontré cinquante ou cent au cours d’une journée. Il y a des rencontres qui m’ont marquée à chaque fois et cela que mes visiteurs aient acheté ou non mes romans. Un salon peut être également la source d’émotions supplémentaires. Que dire pour Saint Etienne? C’est la ville où j’ai grandi: mon émotion y fut certainement la plus grande quelque part! Pour Eu et Maromme, c’est en quelque sorte une autre maison puisque j’y revenais pour la seconde fois (et encore en 2006!:)). Le trac qui se mêle à une excitation plaisante lorsque je découvre la manifestation pour la première fois (Aumale, Le Mans, Montigny). Il y a également la gentillesse des organisateurs qui se dévouent tant pour nous. Et comment oublier ces anecdotes que je vous ai narrées, ici et là? Derrière tous ces sentiments, il reste le script, ou les loges, le manuscrit... Pour un film, vous ne voyez que le résultat des scènes montées. Seulement, connaît-on le nombre d’heures qu’ont fourni le réalisateur, les techniciens, les acteurs pour réussir leur pari? Lors d’un spectacle (chant, théâtre, danse), la scène brille de ses mille feux: que dire de toutes les répétitions qui se sont déroulées dans l’ombre. Combien de phrases un auteur a-t-il raturées, combien de fois a-t-il retouché son texte, ses dialogues avant de donner son bon à tirer pour l’impression?
Avant le Jour J, il est nécessaire de se renseigner sur le trajet exact, sur la durée du voyage. Il est primordial de réunir son matériel, comme les cartes et les signets qui seront remis à chaque lecteur. Il est aussi capital d’être en forme. Quoi de plus tueur si l’on baille en pleine conversation avec son visiteur?! Cela me rappelle une réflexion de Nigel Mansell. Nigel Mansell est un ancien champion du monde britannique de Formule 1 qui courait dans les années 80/90. Signe particulier: il portait une moustache. Avant chaque départ, il veillait à bien positionner sa cagoule. Pourquoi? Simplement pour éviter que l’un des poils de sa moustache ne le chatouille brusquement au cours de la course! Vous le voyez, s’arrêter à son stand, dire au patron de l’écurie «Heps, désolé, je dois stopper quelques secondes parce que cela me gratte!» impossible comme attitude! En cela, les salons ont tous un point commun: la préparation est primordiale.

Dimanche 27 novembre 2005
Journée de découverte!
08h00: Nous (J’ai le plaisir d’être accompagnée) gagnons la station de métro. La pluie s’invite, mais de façon légère: tant mieux. Au Théâtre des Arts, à Rouen, nous patientons quelque peu avant d’emprunter le bus. Le véhicule dépasse l’église Saint Paul à Rouen, au pied de la colline Saint Catherine, et monte la rue. Le spectacle est beau. La colline domine en effet la Vallée de la Seine et le panorama se prolonge fort loin. Nous ne sommes pas loin de ce point de vue où s’arrêtaient Lino Ventura et Patrick Dewaere dans «Adieu Poulet» (voir le carnet de route de Maromme, journée du jeudi). Le bus a braqué vers la gauche. Il parvient au Mesnil-Esnard. Les trottoirs sont presque déserts, comme la route. Il est vrai que nous sommes dimanche: il est de bonne heure et la température est basse.
09h2: Nous pénétrons dans la Salle des Fêtes. Oui, il est très tôt, cependant le bus suivant ne nous donnait guère de temps pour nous installer à notre stand. Nous saluons les organisateurs, prenons un café. Bientôt, mes livres sont disposés, ainsi que l’ensemble du matériel. Au centre de la salle, plusieurs tables accueillent de nombreux ouvrages de divers auteurs, sur des thèmes variés.
10h00: Les visiteurs arrivent. Durant la journée, nous pourrons noter la présence de familles entières, de couples, de personnes seules, âgées non, ou des adolescents que le temps n’a pas rebuté. Il y a 6 765 habitants au Mesnil-Esnard. J’ai l’impression qu’une partie de la ville a décidé de rencontrer les auteurs!
11h00: L’inauguration même du salon commence par le discours de Monsieur Harel, le maire. Il est visiblement heureux: la manifestation est organisée pour la deuxième fois. Plus tard, j’apprendrai qu’une troisième édition se déroulera bien en 2007. Il faut noter qu’il s’agit d’un événement biennal. Quelques minutes plus tard, j’assiste à une première depuis que je participe à des rencontres littéraires. Monsieur le Maire cite le nom de tous les auteurs présents, soit une quarantaine de patronymes. Cette reconnaissance me touche. Bien sûr, les organisateurs ont besoin des écrivains et ces derniers ont besoin des premiers. Cette vérité est, toutefois, relativement bancale. Certes, il y a beaucoup de salons. Pourtant, il y a toujours beaucoup plus d’auteurs. Donc, nous sommes en surnombre continuel. Personnellement, je saurais toujours gré aux organisateurs de chaque salon auquel je me rends. En cela, ceux de la ville d’Eu ont été les premiers à me donner ce... coup de pouce... coup de pouce que je n’oublierais jamais. Si j’en suis là aujourd’hui, c’est en partie grâce à eux.
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L’inauguration du salon par Monsieur Jean Harel, Maire de la ville, et une rencontre.
Chacun revient ensuite à sa place. Nous pourrons noter que les visiteurs s’attardent en particulier sur les tables centrales. A leur guise, ils peuvent feuilleter les livres, sans être abordés ou... harponnés par l’auteur. Car là est le problème de toute manifestation: salon du livre, brocante, foire. Certains exposants harponnent, en effet, littéralement le... chaland. Quelques personnes n’osent pas s’opposer et, pour avoir la paix, cèdent en achetant. Personnellement, je pense que cette crainte de «devoir acheter» incite des visiteurs à ne pas trop s’approcher des stands, même lors d’un événement littéraire. Pourtant, les gens restent libres de ne pas acheter. Cela doit rester une affaire de goût pour un livre ou pour un auteur! Une autre raison pour ne pas s’approcher serait la timidité. Pour plusieurs visiteurs, sans doute! Néanmoins, les écrivains, les artistes sont des êtres humains également: ils ont les mêmes qualités, défauts, éprouvent les mêmes envies, les mêmes peurs, veulent réaliser leurs rêves. Autre raison encore que l’on peut exprimer ici: les visiteurs ne connaissent pas l’écrivain qui se trouve face à eux. Mais le meilleur moyen de se renseigner à son sujet demeure bien de lire les quatrièmes de couverture, de dialoguer avec lui. Parfois, ils entament une discussion avec nous, comme cette lectrice à Aumale (fan de Mary Higgins Clark, qui m’avait pris Pièges) et, quelquefois, ils s’éloignent directement, comme pour se protéger. Dommage! Dommage qu’ils se refusent à vaincre l’inconnu (au sens large du terme et au sens strict en même temps). Je suis sûre que je rate de belles rencontres. Je me souviens aussi de mon enfance, de mon adolescence, de ma timidité d’alors. A l’époque, je n’en étais pas encore gênée. Malgré tout, j’avais conscience qu’elle serait un inconvénient majeur dans ma vie si je ne m’en débarrassais pas, tôt ou tard. Différents événements, des désirs profonds ont permis que je l’efface peu à peu. Elle subsiste encore quelque part. Seulement, elle n’a plus cette prise sur moi comme auparavant!
Les promeneurs viennent enfin. Je réponds aux nombreuses questions d’un jeune homme et de son amie.
12h30 environ: Le salon ferme pour le déjeuner. Les auteurs et leurs accompagnants sont invités à rejoindre la cantine de l’école: c’est donc un autre décor que les manifestations précédentes. De grandes photographies décorent les murs. Je reconnais sans peine des paysages canadiens:). Le repas commence, ainsi que les discussions. Une heure et demie passe rapidement. Quand nous ressortons, le froid nous happe. Je rejoins au plus tôt la Salle des Fêtes dont les portes ne sont pas encore ouvertes.
14h00: Nous sommes de nouveau assises, derrière notre stand. Comment se déroulera l’après-midi?... J’ai une excellente surprise. A Maromme, j’avais rencontré une femme qui avait accepté mon carton d’invitation pour le Salon du Mesnil-Esnard. Et la voici donc! Avec plaisir, nous entamons une longue discussion. Ma future lectrice repart avec son exemplaire de Légendes. Je pourrais me dire que Légendes a plus de côte ici. En effet, plus tard, une autre visiteuse décide de le lire intégralement. C’est intéressant. D’habitude, les ventes s’équilibrent, plus ou moins, entre mes deux romans. Au Mesnil-Esnard, la balance penchera très nettement en faveur d’Alex. Le surnaturel ne rebute personne. En fait, comme cela l’est clairement indiqué sur la dernière de couverture, les gens savent à quoi s’attendre. Ils aiment le surnaturel: ils prennent Légendes. Ils n’aiment pas ce genre: ils se tournent davantage vers Pièges... Les visiteurs se succèdent, les dialogues reprennent. Avec une attention prise à chaque instant, nous ne voyons pas les minutes passer.
17h30: Décidément, les salons sont, pour moi, l’occasion de surprises cette année. Mon oncle, ma tante qui étaient venus me voir à Maromme se présentent à leur tour. Ils sont accompagnés par ma cousine (fille d’une autre tante) et de son mari. C’est avec joie que nous nous retrouvons et que nous parlons tandis que le flot des visiteurs s’est visiblement atténué.
18h00: Fermeture des portes. La salle se vide. Je remercie les différents organisateurs. Je suis ravie. Pour une première venue, cette manifestation est une réussite et j’ai encore appris sur divers plans.
19h15: De retour chez nous, nous nous empressons d’allumer la télévision. Un journaliste et un caméraman de France 3 Haute Normandie étaient présents au salon. Le reportage ne dure pas longtemps. Je n’y figure pas, mais cela m’est égal. Il me reste de cette journée que de beaux souvenirs, de superbes rencontres et de passionnantes discussions avec mes visiteurs et mes lecteurs: c’est le plus important à mes yeux, comme toujours!
Copyright des photographies: Dominique Letellier.


Séance de dédicace en librairie, Sotteville-Lès-Rouen (Seine-Maritime)
Jeudi 1er décembre 2005
Retour en Normandie
Voilà! Je reviens vers Rouen de nouveau. Une vilaine toux a fait son apparition quelques jours auparavant: je ne parviens pas à m’en débarrasser. Cela m’inquiète pour samedi et le salon du week-end suivant. D’une part, il est difficile d’entamer un dialogue dans ces conditions, d’autre part, je risque de contaminer un lecteur.:(

Vendredi 02 décembre 2005
Afin de préserver ma gorge, je reste au chaud toute la journée. En fin d’après-midi, je prépare l’ensemble de mon matériel, grâce à ma petite liste magique qui me sert pour toute manifestation.

Samedi 03 décembre 2005
En route!
Vers 10h00, je me mets effectivement en route pour la librairie. En fait, employer «route» est un demi mensonge, car je m’y rends à pied. Sur la porte du magasin, figurent une affiche et l’article/interview du Paris Normandie paru en novembre. A l’intérieur, tout est prêt. Au centre, de lourds présentoirs en bois ont été repoussés afin de laisser de la place à une table. Impatiente, j’installe mes livres et tout ce dont j’ai besoin pour un tel événement.
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Me voici prête!:)
Une femme vient à mes côtés. Bien qu’elle ait déjà lu Pièges, elle n’a pas emporté son exemplaire: elle tient un stand pour le Téléthon qui se déroule ce week-end. Cela ne fait rien. Son mari le lui rapportera après le déjeuner. Et je signerai ainsi mon roman quelques heures plus tard... Un couple s’arrête. Je les salue. La femme s’adresse à son époux et avance avec une quasi certitude: «Non, elle ne nous reconnaît pas! »... Tiens, donc... Je n’ai besoin que de quelques secondes pour les identifier. Dans une ville proche, ils ont habité la maison voisine de la nôtre durant dix-huit ans: ils m’ont vue grandir. Un jour, j’ai quitté ma Normandie, eux aussi, si bien que nous nous sommes plutôt perdus de vue. La conversation démarre sur les chapeaux de roue. Nous nous questionnons en vue de recueillir des nouvelles de nos familles respectives. Puis nous nous remémorons de bons souvenirs, parfois de moins bons. Tant sont dans ma mémoire! Si certains détails m’échappent à l’instant, ils reviennent très vite... Ils m’apprennent également qu’ils avaient acquis mes deux romans à l’autre librairie de Sotteville et les ont appréciés. L’homme me répète plusieurs fois qu’il est surpris de ma grande imagination. C’est pourtant un travail incessant. En dehors des périodes de réflexion, notre inconscient continue d’imaginer des situations, de résoudre des problèmes. Et l’ensemble demeure formidable: la créativité est ainsi permanente, comme l’effort du reste...:)... Mes anciens voisins me quittent. A loisir, j’observe autour de moi: les fidèles, les turfistes, les pressés, les découvreurs en long et en large de magazines, les perplexes à la recherche d’un journal ou d’un objet, des lecteurs...
Déjeuner:
Une pause pour le repas: de toute façon, la librairie ferme ses portes!
14h00:
De retour au magasin, je retrouve mes visiteurs. Un couple discute avec moi: il vient de l’Eure, du village même où séjournait Marcel Pagnol. La jeune femme choisit Légendes. Malgré son sujet plus particulier (le surnaturel), ce livre n’est pas battu par Pièges lors de chaque manifestation. J’aurai d’ailleurs la surprise de constate que les Sottevillais ont davantage un faible pour Alex que pour Marion... Je reçois une autre visite fort sympathique: la mère de «Monsieur le Libraire». Une fois mes livres signés, me voici à bavarder tranquillement avec ma future lectrice. L’affluence cesse rarement autour de moi. Un café offert calme quelque peu ma toux... Je continue mes discussions avec l’un, avec l’autre. Je laisse partir un exemplaire de Légendes à l’heureux homme qui avait déjà lu Pièges: cette fois-ci, il voyagera dans le temps en compagnie d’Alex et de Joey. Le temps file à une allure incroyable. D’après les vêtements des personnes, je m’aperçois que la pluie s’invite par intermittence. La nuit est présente depuis longtemps. La manifestation est sur le point de baisser le rideau. Hé non, alors que je rangeais mes affaires, il s’avère que j’ai une nouvelle visite. Un autre jeune couple s’intéresse à la littérature. Nous discutons alors. La jeune femme découvre mes résumés et, entre les deux, choisit également de partager les aventures d’Alex. Le coeur léger, un sourire dans la tête (oui, oui), je finis de mettre mon book, mes cartes restantes, etc. dans la valise. Je bavarde ensuite avec le libraire. Nous faisons un point sur la journée écoulée. Tous deux sommes ravis. La pluie fine qui tombe alors que je rentre à l’appartement n’atténue en rien ma joie. J’ai rencontré mes lecteurs actuels et de nouveaux. Quoi de plus beau, franchement?:):)
Copyright des photographies: Dominique Letellier.


8e Salon du Polar, Montigny-Lès-Cormeilles (Val d’Oise)
Vendredi 09, samedi 10 et dimanche 11 décembre 2005
J’avais commencé à rédiger le Carnet de route de Montigny-Lès-Cormeilles. Mais, devinez? Des problèmes informatiques sont survenus et mon texte n’a pas été sauvegardé! Comme dirait l’un de mes personnages dans La Recherche: «Très drôle»... sachant qu’il pense exactement l’inverse de ce qu’il répond.
Ayant beaucoup de retard dans ma rédaction, j’ai décidé de raccourcir mes textes. Je vous proposerai mes résumés d’une manière un peu originale.
Les plus de ce Salon du Polar
- Il se déroule sur trois jours.
- Cet événement rencontre de plus en plus de succès, donc beaucoup de visiteurs et de lecteurs, car il faut garder à l’esprit cette vérité: un nombre impressionnant de visiteurs ne signifie pas toujours un nombre impressionnant de lecteurs.
- Le vendredi matin, nous recevons la visite de collégiens. Leurs interrogations fusent. Certaines ressemblent en fait à celles des adultes: «Depuis combien de temps écrivez-vous?», «Combien de temps mettez-vous pour écrire un livre?». Toutefois, ils ont cette innocence rafraîchissante. Alors, une fillette me questionne: «Avez-vous gagné un Oscar?» ... Euh, non, ma belle... Il est vrai que j’aimerais adapter mes romans sur grand écran. De là à gagner la statuette américaine... Enfin, qui sait...:)
- Dès l’après-midi, les lecteurs -adultes- sont là. J’ai plaisir à présenter à ces amoureux du polar Pièges et Légendes, à discuter avec eux de mes romans.
- Je suis également contente de constater que mes livres plaisent tous les deux à égalité. Sur certains salons, Légendes l’emporte. Puis c’est au tour de Pièges à la manifestation suivante. Ou encore, je rencontre une nouvelle égalité...
- Lors d’un déjeuner, j’ai pour voisin un juge d’instruction. Cela me permet de lui poser quelques questions, dont les réponses pourront m’être utiles pour un prochain ouvrage. Hum, silence, pour le moment, permettez-moi de garder le suspense!
- Le décor que vous pouvez découvrir ici, les jeux de lumière.

Les moins
- Le froid glacial qui m’attend à la gare chaque matin.
- Ma toux qui persiste et signe. Ce qui m’ennuie le plus est de transmettre éventuellement mes microbes à mes lecteurs.
- Le jeu des lumières. Les spots envoient des lumières jaunes, vertes, rouges. Celles-ci sont effectivement tout à fait dans l’ambiance, sauf que ces jeux sont un peu fatigants à la longue pour les yeux. Enfin, il y a pire!
  Mon  
Mon stand

Inauguration par Monsieur Robert Hue, Maire de la ville
M  
Le coin réservé aux enfants et des héros de bande dessinée, grandeur nature.
M
Vue sur le salon. Le manque de lumière est volontaire: n’oubliez pas que nous avons plongé dans le monde noir du polar/suspense.
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Un invité exceptionnel à droite. Monsieur Sherlock Holmes!!!
M
Attention: la police est sur l’affaire!
M
Revoici notre ami Sherlock en plein travail!
Copyright des photographies: Pascale Letellier.


Encore merci beaucoup à toutes celles et à tous ceux qui sont venus me rencontrer à ces différents salons!













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