GENERALITES


1. Les lieux géographiques
L’un des avantages d’un roman est que l’intrigue peut se dérouler généralement dans n’importe quel site ou ville. L’histoire même de Pièges, par exemple, aurait pu se passer dans toute métropole; alors, pourquoi Vancouver justement?
Car l’auteur possède une liberté précieuse: celle de choisir les lieux par rapport à ses propres envies. Paradoxalement, il peut être aussi tenu à certaines obligations en raison même de l’intrigue de son livre, comme cela a été le cas pour moi avec La Recherche.
Parallèlement, le choix premier d’un lieu s’avère un autre atout pour quelques idées qui apparaîtront bien plus tard dans le récit (Légendes).
Pour un romancier, décrire un lieu ou une ville représente un défi fascinant et exigeant... même lorsque l’on connaît la ville… pour une raison simple: on ne connaît jamais suffisamment une cité ou un village, à plus forte raison lorsque l’on n’y vit pas durant l’année... Et fascinant, car quel plaisir de revoir dans sa tête des quartiers, des rues, des monuments que l’on a aimés et que l’on aimerait revoir. Aussi, les décrire représente un plaisir... ce plus, parmi d’autres, qui fait que l’écriture est notre grande, très grande passion.
Seulement, dans ces descriptions, je me dois de rester dans un cadre précis; le propos n’est pas de rédiger un guide touristique. C’est aussi l’une des difficultés d’un roman: décrire suffisamment un lieu pour donner dans le réalisme, sans tomber dans une représentation austère, longue, totalement impersonnelle, et qui ne soit pas vivante.
Personnellement, je crois que, comme de nombreux éléments qui font partie d’un livre, un auteur apprend à rédiger la description d’un site ou même d’un personnage, cette manière lui sera en même temps propre à lui, lisible et donnera du plaisir à lui-même et à son lecteur.


A. Vérité ou... imagination?
Dans chacun de mes romans, j’aime particulièrement le fait de pouvoir intégrer des villes que j’apprécie, comme Vancouver, San Francisco, Rouen ou encore Prince Rupert, Paris. L’avantage de mes intrigues est que je peux aussi inventer des villages. Oui, je vous l’assure: certains sites le sont totalement. Mais... lesquels ???... Toujours sur le plan géographique, il y a également des lieux qui existent réellement: pour Pièges, le Robson Hotel où séjourne Philip à Vancouver, le London Drugs, ce supermarché où Marion achète des produits pharmaceutiques; pour Légendes, la Durdent, cette rivière qui coule dans le pays de Caux. Par contre, ne cherchez pas le Pacific Home où Philip et Marion dînent le dimanche soir. Et quels sont les autres lieux inventés? La réponse viendra une prochaine fois... Peut-être...:)



2. Les personnages
Pour tout roman, il est nécessaire que les bases (les idées, l’intrigue) soient établies dès le départ. Il est également primordial que tous les personnages, principaux, secondaires et auxiliaires soient définis d’emblée, ainsi que leur personnalité et leurs liens ou rapports avec les autres protagonistes.
Ensuite, leur portrait s’affine. En fait, c’est un peu comme si nous étions invités à une soirée: nous faisons d’abord connaissance avec les participants et puis, au fur et à mesure que les heures s’égrènent, leurs traits de caractère se révèlent. D’autre part, les relations entre chaque protagoniste principal évoluent constamment...

A. Les situations de départ pour mes héroïnes: «Une pour trois, deux pour une seule!»
Avec le recul, je réalise que trois héroïnes sur cinq ont connu la même situation de départ: Jocelyne pour Prisonniers, Alex pour Légendes, et Lauren pour La Recherche. Elles n’ont aucune idée de ce qui les attend, et même, chacune pense connaître son avenir proche:
- Alex compte se promener, comme toujours, dans le Domaine, cette demeure qui la fascine depuis des années.
- Jocelyne emprunte un avion pour revenir dans son pays, la France.
- Lauren pense passer des vacances très, très, très paisibles.
Dès les premières pages ou presque, leur univers va basculer dans une direction inattendue et elles devront se battre, d’une manière ou d’une autre, pour survivre.
Au contraire, pour mes deux autres héroïnes, leur cas est différent. D’emblée, elles savent qu’elles sont confrontées à une aventure particulière: Marion pour Pièges et Constance pour Le Miroir, à savoir:
- Marion vient à Vancouver pour poser UN piège.
- Constance retourne sur les lieux de son enfance pour les besoins d’une enquête criminelle.
Bien sûr, de nombreuses péripéties les attendent au tournant et leurs plans ne vont pas se dérouler comme prévu.
Au final, je dirai que j’ai peut-être une préférence pour une histoire où l’héroïne se retrouve, malgré elle, associée à des mésaventures... Pour une raison simple: cela peut arriver à tout le monde. Ce que vit Jocelyne ou Lauren surtout, est susceptible de se passer à chacun d’entre-nous. De nombreuses personnes dans le monde ont emprunté un jour un avion; d’autres séjournent dans un village dans le but unique de se reposer... Ensuite, les circonstances en décident autrement. Et le caractère de la personne a une place très prépondérante. Par exemple, si Lauren n’avait pas été si curieuse, elle n’aurait pas eu envie de connaître la raison de la venue d’un Québécois dans un «petit village complètement perdu» (La Recherche). Cette même curiosité qui emmènera Alex (Légendes) dans une aventure extraordinaire, en étant confrontée à des événements surnaturels.


B. Notre personnage principal: Une héroïne
J’ai commencé à évoquer ce sujet dans mon Carnet de route Merlieux 2010. Reprenons ici:
J’aime donc cette idée de conduire l’intrigue (ou les intrigues) par les yeux d’un personnage principal féminin: Marion pour «Pièges», Alex pour «Légendes», Jocelyne pour «Prisonniers», Lauren pour «La Recherche».
Vous vivez l’action en même temps qu’elle(s).
- Selon le cas, vous agissez, vous prenez la décision, vous participez aux échanges verbaux.
- Ou bien vous imaginez ce qui peut se passer ou ce qui a pu se passer, vous vous posez des questions pour démêler les fils. Les interrogations d’Alex dans sa chambre au sujet des souterrains, celles de Marion quant à la loyauté d’Anthony Forbes sont les vôtres.
Si mon héroïne est absente, alors ce ne sont que des supputations: nous ne savons pas ce qui s’est réellement dit, ce qui s’est réellement produit... Les faits rapportés sont-ils authentiques? Ou que peut-il bien se dérouler, se dire? Cela ajoute aux mystères, au suspense déjà présent. Nous ne pouvons pas tout savoir, être là à chaque lieu, à chaque instant. Donc, mes héroïnes restent humaines, avec toutes les incertitudes de la vie.
En écrivant leur histoire, je me mets si facilement à leur place pour les idées, les émotions, les sentiments. Je rêverais d’être à leur place, parfois moins, mais je les envie quand même! Face aux situations, elles savent prendre une décision et n’y renoncent jamais, même si elles peuvent douter une fois ou deux de son bien fondé.
- celle qui se pose le plus de questions? La palme d’or revient à Alex.
- celle qui respecte le moins les consignes dictées? La palme d’or revient à Marion.
- celle qui prend le plus d’initiatives? La palme d’or revient à Lauren.
- celle qui s’appuie le plus sur les preuves, les certitudes? La palme d’or revient à Jocelyne.
Un autre jour, je reviendrai sur leurs qualités, leurs défauts, leur façon de voir la vie, les événements...

Cela arrive aussi à mes quatre filles d’affronter les incertitudes, la peur. Qui craint le plus? J’avoue ne pas savoir moi-même!!
- Avancer à la lueur de ma lampe torche dans ces souterrains humides, entendre ces grincements de pierre sous mes chaussures, ces cailloux qui chutent, cette eau qui ruisselle, ces craquements dans les couloirs du Château, sentir comme des présences derrière mon dos, me demander quelles sont les réelles motivations de mes chers hôtes, jusqu’où ma curiosité m’entrainera finalement: vers un point de non retour? Quelque part, je n’étais pas à mon aise en narrant le séjour d’Alex au Domaine. A sa place, je serais vite remontée dans les jardins. L’atmosphère devenait trop oppressante. Ironie: j’apprécie pourtant les forteresses, leurs souterrains. Mais est-ce ce sixième sens? Il nous indique un passé sombre, des destins tragiques. Les ombres demeurent.

- Lauren et Marion ont un point commun: toutes deux rencontrent leurs adversaires. Hips, je vous entends... Et Alex? Elle rencontre Rémi... Il y a des différences monumentales que voici:
* Qui sont les malfaiteurs?
Dans «Légendes», nous ignorons qui joue tel jeu. La véritable «identité» de Rémi est dévoilée quasiment à la fin. Jusque-là, Alex se perd en conjonctures, en hypothèses: qui, pourquoi. Dans «Pièges», nous savons d’emblée que Greeman et Grant sont des trafiquants de drogues. Dans «La Recherche», Lauren connaît dès les premiers chapitres quelques-uns de ses adversaires. Tout au long du roman, elle fera connaissance avec leurs complices jusqu’au moment-clé.
* Seul ou en groupe
Rémi agit seul et pour son propre compte. Greeman est à la tête d’une organisation, Grant de son gang. Idem pour les truands de «La Recherche».
* Faire ou donner les ordres?
Par obligation, Rémi est obligé de se débrouiller (ne comptez pas sur moi pour le plaindre!!!). J’oubliais, c'est vrai qu’il avait payé le groupe de brigands. Disons que je parle des agissements à partir du moment où nous entrons nous-même dans l’histoire. Là, c’est «je dois me dépatouiller tout seul comme un grand. Je dois surmonter ma peur de l’eau. Je veux récupérer le trésor pour moi seul et m’enfuir avec. Personne ne sera solidaire, hélàs!, avec moi.» (non, je ne le plains toujours pas!!!)
Greeman et Grant font toujours appel à des hommes de main pour les basses besognes. De même, ils sont trafiquants de drogues, mais ils n’y touchent pas. Bien au contraire, ils s’enrichissent sur le dos de ceux qui ne peuvent plus se passer de ces poudres sales. Ils abusent des dépendances de leurs victimes, les provoquent.
Dans «La Recherche», nous avons une situation encore différente. L’un des chefs ne frapperait jamais sa victime. Il le fera battre par ses hommes. Eux-mêmes n’hésiteront jamais sur les coups. Ils n’ont pas le pouvoir de diriger l’organisation, alors, ils se rattrapent autrement. J’ajoute qu’ils ne se battent pas à la loyale (un contre un ou à armes égales). En usant de leur supériorité numérique, ils surprennent leur victime, l’affaiblissent avant de porter d’autres coups.
Ah! J’entends votre question: qu’en est-il pour Jocelyne dans «Prisonniers»? La problématique est une nouvelle fois autre. Son adversaire est l’accident d'avion, la jungle, les difficultés de l’expédition, les incertitudes, les questions, l’avenir.

- Et, justement, la moiteur de la jungle, mon inquiétude pour mes proches, ma survie, ces cris d’animaux, ces bruissements, comment les surmonter? Parallèlement, j’affronte d’autres pièges, les caractères des autres membres de l’expédition, leurs personnalités, leurs ambitions, leurs craintes, leurs doutes ou leurs arrogances, leurs certitudes. Tout se mêle. Est-il possible de rester à l’écart? Non, dans la vie, il faut décider, prendre ses responsabilités, même si l’on peut se tromper. Il ne faut pas, non plus, tout mélanger.
Si je devais vivre réellement l’aventure d’une seule de mes héroïnes, laquelle prendrais-je????? Laquelle prendriez-vous?????


C. Nos hommes
Quant à mes hommes, j’ai voulu offrir une parité dans mes livres. Bien que, chronologiquement, ils apparaissent après mes héroïnes, je souhaite toujours qu’ils aient un rôle équivalent, un «temps de parole» équivalent. Cela est surtout vrai pour deux d’entre-eux: Phil pour «Pièges» et Rodolphe pour «Légendes». La situation est différente pour mes autres gars pour une raison simple. Finalement, ils sont plusieurs aux côtés de mon héroïne!!!
Commençons par ces messieurs que nous connaissons bien! Philip et Rodolphe sont aussi persévérants, indépendants, loyaux et curieux que le sont Marion et Alex. Tous quatre aiment l’action, la vérité, aller jusqu’au bout même s’ils doivent prendre des risques. Nos deux amis ont des facettes contraires à celles de leurs compagnes. Ils sont davantage posés. La différence est que Rodolphe l’est surtout en raison de son vécu. Il a acquis une maturité par la force des événements. Autrement, il serait toujours aussi impétueux, comme Alex. Pour Philip, j’ai gardé la loyauté. Même si, à la fin du livre, il manipule Marion (en étant cette fois bien complice avec Forbes et Brandt) pour les besoins du grand piège, il ne la laisserait jamais tomber.
Pour nos autres protagonistes? Deux accompagnent fréquemment Lauren dans ses péripéties. D’autres personnages masculins feront route avec elle au gré du vent, des pages. Ils seront au nombre de cinq pour Jocelyne presque dès le départ!
- celui qui garde le plus son sang-froid? La palme d’or revient indubitablement à Philip.
- le plus assoiffé de justice? La palme d’or revient à Rodolphe.
- le plus posé? La palme d’or revient à David dans La Recherche.
- le plus intrépide, impulsif? La palme d’or (multipliée par mille) revient à un homme dans «La Recherche».
- le plus patient? La palme d’or revient à un homme dans «Prisonniers».
- les plus persévérants? La palme d’or revient à des hommes dans «Prisonniers».
- les plus fidèles en amitié (ils se connaissent bien avant le début du roman)? La palme d’or revient sans conteste à deux hommes dans «La Recherche».

Nous reviendrons vers tous nos compagnons dès que possible! :)



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